Thèse soutenue

Le consentement des patients candidats à un dispositif d'assistance ventriculaire gauche (DAVG) : une réflexion éthique sur la notion d'autonomie relationnelle dans le contexte sanitaire

FR  |  
EN  |  
IT
Auteur / Autrice : Sara Roggi
Direction : Maria Michela MarzanoMario Picozzi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie, épistémologie
Date : Soutenance le 18/06/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Università degli studi dell'Insubria (Varese, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sur les liens sociaux (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Marianna Gensabella Furnari
Examinateurs / Examinatrices : Marianna Gensabella Furnari, Fabrizio Turoldo, Massimo Reichlin, Marta Spranzi
Rapporteur / Rapporteuse : Fabrizio Turoldo, Massimo Reichlin

Résumé

FR  |  
EN  |  
IT

Les dispositifs d'assistance ventriculaire gauche (DAVG) sont un traitement alternatif pour les patients atteints d'une insuffisance cardiaque. Si, d'une part, l'implantation prolonge l'espérance de vie, d'autre part, plusieurs effets secondaires pourraient surgir pendant le suivi. En prenant en compte les complexités déterminées par l'activation du dispositif, un aide-soignant (généralement un proche) responsable de la gestion quotidienne du traitement médical devrait toujours accompagner le patient. En d'autres termes, puisque l'aide-soignant est responsable du bien-être du patient, obtenir le consentement du premier est aussi important qu'obtenir celui du second. La composition hétérogène de la phase avant l'implantation nous conduit à nous interroger sur la nature du consentement exprimé par l'autonomie du patient. De plus, nous suggérons d'évaluer le rôle de tout composant de la phase décisionnelle ainsi que leur compatibilité avec l'autodétermination du patient. Le défi éthique majeur est de démontrer si et comment le consentement de ce dernier pourrait maintenir sa nature autonome, malgré la présence de facteurs impliqués dans le processus décisionnel. Dans l'objectif d'évaluer les composants du développement du consentement, nous avons proposé une étude quantitative au De Gasperis Cardio Center (ASST Grande Ospedale Metropolitano, Niguarda (MI), Italie). Nous avons élaboré une enquête aux patients sélectionnés pour l'activation d'un dispositif d'assistance ventriculaire gauche. Trois composants du parcours décisionnel ont été analysés : i) la compréhension des informations cliniques; ii) le rôle des émotions, ; iii) la valeur attribuée à la relation avec l'aide-soignant et les professionnels de santé. Premièrement, l'expérience du dispositif confirme les informations reçues avant l'activation du DAVG : les patients montrent avoir reçu toutes les informations nécessaires pour faire face au suivi du traitement. Pendant les visites de contrôle, les patients révèlent avoir moins peur de la dépendance du dispositif ainsi que de l'aide-soignant. En général, les patients semblent également moins stressés par rapport au moment de la phase décisionnelle. Les émotions sont en effet plus positives pendant le suivi du traitement. Enfin, en ce qui concerne la valeur de la relation, les résultats confirment qu'aussi bien avant qu'après l'implantation, la valeur attribuée au lien avec l'aide-soignant et l'équipe médicale est très significative pour les patients : la relation est la composante qui, dans l'enquête, présente le résultat plus élevé. Nous proposons que l'approche relationnelle de la notion d'autonomie pourrait bien traduire la nature complexe du consentement du patient.A travers une revue de la littérature, notre objectif est de démontrer comment la notion d'autonomie relationnelle est incarnée dans la pratique clinique, en particulier dans le contexte de la phase décisionnelle. Pendant ce processus, nous soulignons que l'aide-soignant devient le troisième élément de la relation traditionnelle patient-médecin : un espace de partage, de compréhension et de reconnaissance mutuelle s'établit, constituant le fondement de toute délibération. Grâce à l'éthique de Paul Ricoeur, notre dernier objectif est de démonter comment la prudence Ricoeurienne pourrait traduire la sagesse pratique d'Aristote dans un contexte « relationnel » et toujours « en situation » : dans cette optique, nous désirons montrer comment l'autonomie individuelle devrait être entendue en termes relationnels. En considérant le consentement comme la dernière parole d'un parcours que le patient réalise aussi bien avec l'aide-soignant que les professionnels de santé, nous proposons la prudence ricoeurienne comme clé pour comprendre l'application de la notion d'autonomie relationnelle dans la pratique clinique de la phase décisionnelle des patients.