Étude des mécanismes de tolérance immunitaire suite à une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques chez l'Homme
Auteur / Autrice : | Laetitia Dubouchet |
Direction : | Gérard Socié, David Michonneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Hématologie |
Date : | Soutenance le 28/06/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Immunologie humaine, physiopathologie & immunothérapie (Paris ; 2009-2024) |
Jury : | Président / Présidente : José Cohen |
Examinateurs / Examinatrices : José Cohen, Sophie Brouard, Susanna Celli, Lara Zafrani, Yves Chalandon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Brouard |
Mots clés
Résumé
La rupture de tolérance immunitaire est à l'origine des phénomènes d'auto-immunité, du rejet de greffe d'organe et de la maladie du greffon contre l'hôte (GvH) dans le cadre d'une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH). L'allogreffe de CSH représente une thérapie curative pour de nombreuses pathologies hématologiques acquises et congénitales. Toutefois, atteindre un état de tolérance après un tel traitement reste un défi majeur pour les cliniciens afin d'éviter l'effet dévastateur de la maladie du GvH et les effets secondaires majeurs associés aux traitements immunosuppresseurs. Suite à une transplantation de CSH, certains patients développeront un état de tolérance immunitaire sans aucune immunosuppression, une condition clinique nommée tolérance opérationnelle. Ces receveurs désignés comme tolérants ont un système immunitaire pleinement fonctionnel, capable de prévenir les rechutes hématologiques et de contrôler les infections, et ne présentent pas de symptômes de déficit immunitaire d'immunodéficience. Les mécanismes biologiques sous-jacents à cet état impliquent probablement à la fois des mécanismes centraux et périphériques, mais ces derniers restent encore mal compris, empêchant le développement de thérapies ciblées. Le but de cette étude est de décrire le panorama de la fonction immunitaire associé à la tolérance opérationnelle après une allogreffe de CSH. La réponse immunitaire étant un processus hautement dynamique résultant d'interactions complexes entre les cellules immunitaires et leur microenvironnement, nous avons émis l'hypothèse que ce phénomène de tolérance opérationnelle émerge d'une adaptation du système immunitaire dans sa globalité après la transplantation. Nous avons utilisé pour cette analyse des outils puissants par le biais d'approches dites multi-omiques et intégratives. Au sein de deux cohortes indépendantes de patients ayant bénéficiés d'une allogreffe de CSH à partir d'un donneur HLA-identique apparenté, nous avons collecté des échantillons de sang chez les receveurs 1 à 2 ans après la transplantation ainsi que chez leurs donneurs avant la collection de CSH. Nous avons analysé leurs profils phénotypiques immunitaires, transcriptomiques et métabolomiques avant de mettre en oeuvre des outils d'intégration de données incluant les variables cliniques. Ces analyses intégratives ont révélé un rôle central de l'ectoenzyme CD38 corrélée à l'activation du système complément et des plaquettes, dans la réponse allo-immune persistante chez les patients non tolérants. En parallèle, les patients tolérants présentaient des stéroïdes androgèniques plus élevés, associés à un réseau immunitaire caractérisé par des CD8 + naïfs et des lymphocytes T doubles négatifs avec un profil transcriptomique impliquant des caractéristiques de cellules souches associées au TCF7 / LEF1 et le catabolisme des nucléotides par NT5E / CD73. Les fonctions opposées des ectoenzymes CD38 et CD73 dans la signalisation des purines et la régulation immunitaire pourraient expliquer la balance entre un état non tolérant et un état tolérant après la transplantation de CSH. La production d'adénosine liée au CD73 semble être un élément régulateur clé de la tolérance opérationnelle. Bien que ces découvertes doivent être confirmées par des analyses fonctionnelles, cette étude ouvre de nouvelles portes dans la compréhension de la tolérance immunitaire après l'allogreffe de CSH avec des cibles thérapeutiques potentielles qui pourraient améliorer les résultats en clinique suite à une transplantation.