Thèse soutenue

Mesure de la déformation de surface associée aux grands séismes continentaux par méthode de corrélation d'images satellites optiques haute-résolution : application aux séismes du Baloutchistan (Pakistan, 2013) et de Ridgecrest (Californie, 2019)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Solène Antoine
Direction : Yann Klinger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'environnement
Date : Soutenance le 02/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR-Institut de physique du globe de Paris (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Robin Lacassin
Examinateurs / Examinatrices : Yann Klinger, Robin Lacassin, Thomas K. Rockwell, Cécile Lasserre, Michele Cooke, Daniel R. Faulkner
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas K. Rockwell, Cécile Lasserre

Résumé

FR  |  
EN

Les grands séismes décrochants se produisent le plus souvent sur des systèmes de faille complexes, avec une partie de la déformation de surface distribuée entre la zone de rupture principale et le milieu environnant, également appelé off-fault. La déformation de surface totale associée à un séisme est donc difficile à observer et à quantifier sur le terrain. Dans cette thèse, nous utilisons la corrélation sub-pixellique d'images optiques de résolution 0,50 m pour mesurer le détail du champ de déplacement 3D, au plus proche de la zone de faille, le long des ruptures de Ridgecrest (2019, Mw6.4 et Mw7.1, Californie) et sur une portion de 30 km le long de la rupture du Baloutchistan (2013, Mw7.7, Pakistan). Pour ces deux cas d'études, nous cherchons à comprendre les mécanismes de distribution de la déformation cosismique à la surface, et les paramètrent qui influent sur cette distribution. Dans ce but, nous effectuons une analyse détaillée de la distribution de la déformation de surface. Nous quantifions avec une précision de 0,10 à 0,20 m le déplacement total au travers de la zone de faille, le glissement sur chacune des failles activées, ainsi que la déformation off-fault (OFD). Nos résultats montrent que la déformation de surface peut être localisée dans une zone de faille inférieur à 30-40 m, mais qu'elle se distribue souvent à travers des zones de plusieurs centaines de mètres à kilomètres de large. Dans ces zones de déformation plus larges, l'OFD apparait soit par des failles et fractures secondaires visibles à la surface, soit par des gradients de déplacement continus de pente 10-2 à 10-3. Ces gradients sont interprétés comme étant de la déformation diffuse et sont largement observés le long de la rupture de Ridgecrest, où ils représentent en moyenne 30% de la déformation de surface totale. Le long de la zone d'étude sur la rupture du Baloutchistan, nous mesurons en moyenne 16% d'OFD, incluant la déformation diffuse et les zones de fractures secondaires. Cette différence s'explique par une plus grande proportion de zones de failles linéaires dans le cas de la rupture du Baloutchistan. A l'inverse, les ruptures de Ridgecrest sont bien plus complexes et présentent une segmentation du glissement en surface et en profondeur, corrélée aux variations de géométrie de la faille. Nous discutons de l'impact du contexte géologique sur la géométrie des failles et montrons que le système de faille principal qui a rompu lors du séisme du Baloutchistan, à l'exception des quelques grandes complexités géométriques, correspond à une interface majeure entre les couches sédimentaires du socle plissé du Makran. Inversement, le séisme de Ridgecrest s'est produit dans une zone à lithologie et fabrique géologique hétérogènes, ce qui favorise une géométrie de faille complexe et donc une plus grande distribution de la déformation à la surface. Nous comparons nos observations à une série de mesures sismiques qui mettent en évidence des zones de répliques kilométriques autour des failles, interprétées comme de la déformation inélastique. Cela a pour conséquence une modification des propriétés élastiques de la roche sur une large épaisseur, et a un fort impact sur l'accumulation des contraintes intersismiques et sur la dynamique de rupture cosismique. Dans une dernière étape, nous utilisons les données optiques, combinées à des données InSAR et GPS, pour mieux contraindre les modèles d'inversions cinématiques et améliorer notre compréhension du mécanisme de la rupture en profondeur. La caractérisation du processus de rupture et de la mécanique de la zone de faille, associée aux observations tectoniques sur la distribution de la déformation à la surface, sont essentielles pour comprendre le cycle sismique sur une faille et pour estimer les probabilités de rupture de surface et de mouvements du sol.