Temporalité adolescente et temps judiciaire : un nouage entre l'expérience subjective et les conditions de la pratique clinique dans un cadre pénal
Auteur / Autrice : | Siham Ez-Zajjari |
Direction : | Catherine Dupuis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Recherches en psychanalyse et psychopathologie |
Date : | Soutenance le 04/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Florian Houssier |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Dupuis, Florian Houssier, Pierre Delion, François Marty, Rosa Caron, Aurélie Maurin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florian Houssier, Pierre Delion |
Mots clés
Résumé
La prise en charge d'adolescents aux prises avec des conduites délictueuses ou criminelles, enkystés dans une souffrance narcissico-objectale, met non seulement à l'épreuve les dispositifs de soin classiques mais aussi les institutions pourtant spécialisées qui leur sont dédiées. La fragilité de leurs assises narcissiques les pousse à mettre à mal le cadre, qu'il soit thérapeutique ou institutionnel. Les ruptures du processus de croissance psychique rendent non seulement leur rapport au temps teinté de morbidité, mais aussi leur rapport au soin qui y est étroitement lié : « ni les murs ni la contrainte judiciaire ne limite les possibilités de passage à l'acte et rien ne garantit l'adhésion au projet thérapeutique et l'assiduité au rendez-vous, sans signification pour ces sujets hors du temps chronologique » (Chartier, 1998). La spécificité du « temps adolescent » soumet parallèlement le sujet à une temporalité psychique rythmée par des réaménagements affectifs et relationnels incontournables et déterminants, notamment pour le tissage du lien social. Entre panne subjective et impasse adolescente, l'agir délinquant, tenant lieu de langage, appelle des réponses spécifiques émanant du tiers judiciaire, tiers social par excellence. Parmi ces réponses, la mesure de placement dans un lieu restrictif de liberté, pendant un temps provisoire/préalablement défini, représente le premier cadre sur lequel le psychologue clinicien y exerçant peut prendre appui pour penser son intervention. L'exercice clinique dans des lieux de placement judiciaire, auprès d'adolescents en proie à la destructivité et aux actes délinquants, confronte rapidement les thérapeutes à des enjeux temporels particuliers. Si le délit adolescent peut être le symptôme d'une déliaison interne du temps psychique, le temps judiciaire redonne des limites par le bornage temporel qu'il sous-tend. Il s'agit donc de co-construire et de créer, à travers cette temporalité particulière, une approche clinique spécifique auprès de ces adolescents en conflit avec la loi. Comment l'approche psychanalytique peut-elle favoriser l'émergence d'un travail de subjectivation dans un tel espace-temps ? Le nouage entre temporalité psychique et temps judiciaire implique un nécessaire (ré)ajustement dans les pratiques auprès de ces adolescents en favorisant « le lien plutôt que l'interprétation » (Houssier, 2021). Le recours à un cadre interne, et à la créativité institutionnelle, est une nécessité de « premier soin » pour faire des échéances temporelles des espaces/temps sources de transitionnalité. Par l'avènement d'une dynamique transféro-contre-transférentielle, la rencontre intersubjective dans un cadre judiciaire peut devenir un support à la reprise d'un travail de subjectivation resté en suspens.