Thèse soutenue

Autisme et neurodiversité : du texte institutionnel à la médiation linguistique

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Auteur / Autrice : Matthieu Lancelot
Direction : Jean-Michel BenayounCatherine Paulin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 25/11/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du langage (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de linguistique interlangues, lexicologie, linguistique anglaise et de corpus - atelier de la parole (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Natalie Kübler
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Benayoun, Catherine Paulin, Natalie Kübler, Marie-Anne Paveau, Albin Wagener, Rudolph Sock
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Anne Paveau, Albin Wagener

Mots clés

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Résumé

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L'autisme, qui concerne 700 000 personnes en France, fait l'objet d'un discours de sensibilisation entre le modèle médical et le modèle social du handicap, c'est-à-dire la représentation du handicap comme une déficience de la personne ou une série d'obstacles générés par son environnement. Plusieurs entités lexicales désignent un seul et même groupe social et ses caractéristiques aussi bien dans le respect de sa singularité que des besoins spécifiques de ses membres (ex. personnes autistes ou personnes avec autisme, difficultés de communication ou difficultés à communiquer, trouble du spectre de l'autisme). Les lexèmes et les phrasèmes créés et interprétés selon des besoins communicationnels particuliers, influencent la vision de la réalité, et inversement. Ils contribuent à un savoir en évolution dans un milieu et à une époque donnés. Plusieurs questions se posent quant à l'interprétation d'un tel discours : l'autisme est-il davantage présenté comme une maladie, un trouble et/ou un handicap au grand public ? Existe-t-il un réseau lexical et discursif autour de la notion de personne (ex. intégration ou inclusion, je ou nous, neurodiversité, auxiliaire modal pouvoir) ? Existe-t-il des convergences ou des divergences entre genres discursifs sur le sujet, mais aussi entre idées et pratique discursive ? Cette thèse vise à étudier les spécificités lexicales, phraséologiques et textuelles du discours institutionnel autour de l'autisme, à la lumière des discours scientifique et journalistique, à travers un corpus de 1 200 000 mots (soit 400 000 mots par genre), ainsi que l'interprétabilité et le vouloir-dire sémantique du discours de sensibilisation à l'autisme. L'analyse statistique des textes avec l'aide du concordancier AntConc, la typologie des marqueurs discursifs de Ken Hyland, la sémantique interprétative de François Rastier, les modes de présentation satisfactionnel et relationnel selon Frege et les fonctions du langage définies par Michael Halliday, entre autres, sont autant de grilles d'analyse permettant d'estimer la complexité du discours de sensibilisation à l'autisme. Une épistémologie des concepts mobilisés avec leur histoire et une présentation du parcours interprétatif au fil des textes permettent de dévoiler le métatexte du discours étudié. En d'autres termes, un passage de l'explicite à l'implicite, soit de l'autisme à la personne, est nécessaire à l'analyse du corpus. À la lumière de tous ces éléments, la médiation linguistique - rôle présumé du genre institutionnel - nous invite à explorer la notion de handicap, soit la rencontre entre les personnes autistes et la société, prise entre déficience, incapacité et désavantage social vécus par les personnes autistes, outre leurs capacités et leurs stratégies de compensation. Une prise de conscience complexe face à l'objet pluriel qu'est l'autisme et au risque de mésinterprétation des concepts constitue l'enjeu sociétal de ce discours.