Thèse soutenue

Une réappropriation de l'imaginaire social par le roman. La crise de la culture à la lumière de Broch, Musil, Joyce et Proust.
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Baptiste Arrestier
Direction : Anne Kupiec
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 17/06/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de changement social et politique (Paris ; 2014-...)
Jury : Président / Présidente : Patrick Cingolani
Examinateurs / Examinatrices : Anne Kupiec, Patrick Cingolani, Clara Lévy, Patrick Tacussel, Clara Royer
Rapporteurs / Rapporteuses : Clara Lévy, Patrick Tacussel

Résumé

FR  |  
EN

Dans l'Entre-deux-guerres, le romancier Hermann Broch conçoit le roman, comme une possibilité pour s'extraire de la crise spirituelle, dans laquelle il voit sombrer l'Europe. Pour lui, le roman est le dernier lieu d'élaboration d'une pensée spéculative. Cette thèse, tente à la fois de comprendre comment cette idée a pu surgir, à ce moment précis de l'histoire, et de vérifier si le roman peut effectivement constituer une alternative à la crise de la culture. C'est finalement la singularité du rapport au monde entretenu par le roman, pour se saisir de l'imaginaire social, qui est au coeur de l'interrogation. Ceci suppose, dans un premier temps, de définir la crise de la culture. Elle se manifeste sous la forme d'un doute quant aux significations imaginaires sociales, sur lesquelles se fonde l'institution de la société. C'est notamment la mise au jour, par la Théorie critique, de la relation existant entre les Lumières, supposées émanciper l'humanité, et la domination, qui provoque l'effondrement de l'imaginaire social européen. Dès lors, se pose la question d'une ambivalence structurelle de la culture occidentale. Les significations imaginaires sociales qui en sont issues, sont-elles condamnées, à irrémédiablement sombrer dans la domination ? Ou, comme le laisse entendre Hermann Broch, le roman fait-il subir aux significations imaginaires sociales, un traitement particulier, les soustrayant aux logiques de domination ? Dans un deuxième temps, des romans contemporains de Hermann Broch, appartenant au cadre commun de la culture européenne, sont confrontés à des thématiques sociologiques attachées à la modernité, pour vérifier cette hypothèse. L'Ulysse de James Joyce, La Recherche de Marcel Proust, L'Homme sans qualités de Robert Musil, et Les Somnambules de Hermann Broch, sont mis en regard du désenchantement du monde (Max Weber), de l'accélération (Hartmut Rosa) et la rationalité technique (École de Francfort). Chacun de ces thèmes, peut être reconsidéré, à la lumière des oeuvres du corpus. Si ceci va dans le sens d'un rapport singulier du roman aux significations imaginaires sociales, il reste, dans un troisième temps, à identifier sa nature. C'est notamment grâce à des modalités, telles que l'ironie, l'architectonique, ou encore la fiction, que le roman est en mesure de maintenir les significations imaginaires sociales dans une tension problématique. Cet état indéfini, manifeste la dimension conflictuelle inhérente aux significations imaginaires sociales, excluant leur retournement dans la domination. La spécificité du roman, réside finalement dans sa faculté à mettre en question l'imaginaire social, sans pour autant le déterminer. Ceci le rallie au projet d'autonomie, défini par Cornelius Castoriadis.