Thèse soutenue

DeepHMC : un algorithme Hamiltonian Monte Carlo utilisant un réseau de neurones profond pour l’inférence bayesienne des sources binaires compactes d’ondes gravitationnelles

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marc Arène
Direction : Edward Porter
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique de l'univers
Date : Soutenance le 26/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AstroParticule et Cosmologie (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Danièle Steer
Examinateurs / Examinatrices : Edward Porter, Danièle Steer, Patricia Schmidt, Vivien Raymond, Nicolas Leroy, Ken Ganga
Rapporteurs / Rapporteuses : Patricia Schmidt, Vivien Raymond

Résumé

FR  |  
EN

En septembre 2015 a eu lieu la première détection directe d’une onde gravitationnelle par les interféromètres LIGO, mettant en évidence la coalescence d’un système binaire compact composé de deux trous noirs et ouvrant ainsi la voie de l’astronomie gravitationnelle. S’ensuivirent de nombreuses détections, notamment celle, deux ans plus tard, de la fusion de deux étoiles à neutrons(système dit BNS), nommée GW170817, qui a permis d’observer sa contre-partie électromagnétique dans une large gamme spectrale. Les multiples implications de ces observations dans des domaines aussi divers que la cosmologie, la matière ultra-dense ou les théories de gravité modifiée ont ouvert une nouvelle ère dans l’astronomie multi-messager et confirmé l’essor de l’astronomie gravitationnelle. L’estimation des valeurs les plus probables des paramètres qui définissent la source de l’onde (e.g. masses des deux composants, distance, angles dans le ciel) et des incertitudes entourant notre mesure est effectuée par inférence bayesienne de la distribution postérieure en probabilité des paramètres. À l’heure actuelle, des algorithmes de type Markov Chain Monte Carlo (MCMC) permettent ce travail en utilisant une marche aléatoire dans l’espace des paramètres qui échantillonne adéquatement la distribution postérieure. Cependant ces algorithmes nécessitent plusieurs semaines (mois) pour converger lorsqu’ils analysent des signaux gravitationnels de longue durée, typiquement des BNSs comme GW170817. À mesure que les détecteurs sont améliorés, non seulement la fréquences de détection augmente mais les signaux sont également observés sur des durées plus longues ce qui crée une tension croissante au vue de l’important temps de calcul nécessaire à l’estimation de leur paramètres. La prochaine campagne d’observation prévoie en effet jusqu’à 70 BNSs détectés sur une année. Pour répondre à cette problématique, nous proposons dans cette thèse un algorithme alternatif, le Hamiltonian Monte Carlo (HMC), qui remplace la marche aléatoire des algorithmes MCMC classiques par des trajectoires hamiltoniennes qui utilisent le gradient de la distribution pour l’échantillonner efficacement. N’existant pas de forme analytique permettant un calcul rapide des gradients en chaque point des trajectoires, ces derniers doivent être calculés numériquement ce qui est très coûteux en ressources informatiques, et, dans ces conditions, le HMC n’apparaît pas plus compétitif que ses homologues. Pour surmonter cet obstacle, nous avons développé l’algorithme DeepHMC qui permet de remplacer le calcul numérique des gradients par une approximation analytique un millier de fois plus rapide. Pour ce faire DeepHMC utilise un réseau de neurones profond qui, après avoir été entraîné sur un ensemble de gradients numériques initialement calculés, est capable de prédire les gradients en des points de l’espace des paramètres encore inexplorés. Notre algorithme a été calibré et testé avec succès sur le signal GW170817 dans un modèle à 12 paramètres qui inclut les composantes axiales des spins des étoiles à neutrons ainsi que leur paramètre de déformation. Une comparaison de DeepHMC avec l’algorithme MCMC de la collaboration LIGO-Virgo montre que nous obtenons les mêmes estimations de paramètres maisen un peu moins de trois jours, ce qui correspond à un facteur d’accélération d’environ 80 en temps CPU. Testé avec succès sur le signal GW170817, il faudra encore confirmer les performances de DeepHMC sur un panel plus large de signaux gravitationnels avant de pouvoir l’utiliser en complément des algorithmes actuels. Toutefois nos travaux démontrent que DeepHMC s’avère très prometteur pour répondre aux fréquences croissantes de détection, ce qui permettra une analyse fiable et rapide des futurs signaux pour exploiter pleinement tout le potentiel de l’astronomie gravitationnelle.