Thèse soutenue

Rôle délétère des macrophages résidents de la moelle osseuse dans la réponse des cellules souches hématopoïétiques aux radiations ionisantes

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Auteur / Autrice : Marion Chalot
Direction : Paul-Henri RoméoStéphanie Moreno
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Hématologie
Date : Soutenance le 16/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Stabilité génétique, cellules souches et radiations (Fontenay-aux-Roses, Hauts-de-Seine ; 2019-....)
Jury : Président / Présidente : François Paris
Examinateurs / Examinatrices : Paul-Henri Roméo, Stéphanie Moreno, François Paris, Éric Solary, William Vainchenker, Marie-Catherine Vozenin-Brotons, Michèle Goodhardt
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Solary, William Vainchenker

Résumé

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Avec plus d’un patient sur deux qui en bénéficie, la radiothérapie est l’une des méthodes les plus utilisées dans le traitement des cancers. Malgré son efficacité dans l’éradication des tumeurs, le principal inconvénient de cette technique est la toxicité qu’elle peut entrainer sur les tissus sains environnants. Au niveau de la moelle osseuse, qui contient les cellules souches hématopoïétiques (CSH), cette toxicité peut être très délétère. En effet, les CSH sont responsables de l’hématopoïèse tout au long de la vie d’un individu, d’où l’importance de les préserver. Ces cellules sont localisées dans un microenvironnement cellulaire, appelé niche hématopoïétique, jouant un rôle majeur dans leur protection et le maintien de leur intégrité. Au sein de cette niche, les macrophages résidents de la moelle osseuse, caractérisés par l’expression du marqueur de surface CD169, ont montré un rôle à la fois dans le maintien des CSH dans leur niche, mais aussi dans la protection des cellules vis-à-vis d’un stress oxydatif. Dans ce contexte, mon projet de thèse avait pour but de définir le rôle de ces macrophages résidents de la moelle osseuse dans la réponse des CSH à une irradiation corps entier (TBI) de 2 Gy, dose couramment utilisée en radiothérapie fractionnée. Afin de répondre à cette question, j’ai utilisé deux modèles de souris déplétées en macrophages CD169+ (Mϕ CD169+) : un modèle pharmacologique (clodronate-liposomes) et un modèle génétique (souris CD169DTR/+). Dans ces deux modèles, j’ai montré qu’une déplétion des Mϕ CD169+ avant l’irradiation entraine à court-terme une diminution moins importante du réservoir de CSH, accompagnée d’une diminution de leur apoptose et d’une absence d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) généralement induites par l’irradiation. A plus long-terme, l’absence de Mϕ CD169+ permet un rétablissement complet d’un réservoir fonctionnel de CSH après irradiation. L’ensemble de ces résultats démontre que la présence des macrophages résidents lors d’une irradiation a un rôle délétère en diminuant la réserve de CSH au sein de la moelle osseuse. Afin de mettre en évidence le ou les mécanismes provoquant cet effet délétère, je me suis intéressée à la réponse directe des Mϕ CD169+ à l’irradiation, en ciblant particulièrement les phénomènes liés au stress oxydatif. J’ai observé que la TBI entraine une augmentation de la proportion de Mϕ CD169+ qui produisent de l’oxyde nitrique (NO), une des caractéristiques de la réponse de type pro-inflammatoire des Mϕ. Cette augmentation est corrélée à une augmentation des CSH ayant des peroxynitrites, oxydants extrêmement cytotoxiques issus de la réaction entre les NO et les ROS. L’utilisation de modulateurs négatifs ou positifs des NO a montré qu’après une TBI de 2 Gy, la diminution de la production de NO par les Mϕ CD169+ permet de limiter l’apoptose des CSH et de restaurer leur nombre, alors que l’augmentation de NO dans l’environnement médullaire entraîne une diminution de leur nombre. Cette étude démontre que l’irradiation accroit la production de NO par les macrophages résidents de la moelle, entrainant un effet nocif sur la réserve de CSH. Ces nouvelles données identifient le macrophage résident comme un candidat potentiel pour moduler les effets de l’irradiation sur les CSH.