Thèse soutenue

Etude in vitro et in vivo des effets du Lévétiracétam sur la microglie activée au cours du sepsis

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Auteur / Autrice : Renaud Fleurance
Direction : Tarek Sharshar
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et moléculaire
Date : Soutenance le 25/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité neuropathologie expérimentale (Paris ; 2010-2021)
Jury : Président / Présidente : Martine Cohen-Salmon
Examinateurs / Examinatrices : Tarek Sharshar, Martine Cohen-Salmon, Jan Pieter Konsman, Laurent Chatre, Stéphane Hunot, Pierre-Olivier Couraud, Vincent Degos
Rapporteur / Rapporteuse : Martine Cohen-Salmon, Jan Pieter Konsman

Résumé

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Le sepsis est l'association d'une infection et d'une défaillance d'organes consécutive à une dysrégulation de la réponse de l'hôte. Sa prise en charge est un enjeu majeur de santé publique du fait de sa forte incidence mondiale (plus de 30 millions par an) et de sa surmortalité atteignant 60% lors de choc septique. L'une des défaillances d'organe les plus fréquentes est une encéphalopathie qui se caractérise essentiellement par des troubles de la conscience et des anomalies électroencéphalographiques de nature pré ou épileptiques. L'encéphalopathie associée au sepsis (EAS) accroît significativement la mortalité et est associée à des séquelles psycho-cognitives. Il n'existe à ce jour aucun traitement spécifique préventif ou curatif de l'EAS. Sa physiopathologie, insuffisamment élucidée, résulterait de manière non-exclusive de trois processus, neuro-inflammatoire, ischémique, et métabolique qui aboutirait à un dysfonctionnement ou une mort neuronale, dont les anomalies électroencéphalographiques seraient la conséquence. Ces processus affecteraient préférentiellement les structures du système nerveux autonome et limbique, contribuant à la surmortalité et aux troubles psycho-cognitifs. La microglie interagit avec tout type de cellules cérébrales et est dotée de capacités de ramification, de migration, de phagocytose et de libération de médiateurs. Elle est impliquée dans la défense immunitaire du cerveau mais également dans l'homéostasie synaptique. Son activation est une étape déterminante du processus neuro-inflammatoire. Activée, elle peut être neuroprotectrice ou neurotoxique selon l'immuno-phénotype qu'elle aurait acquis, dépendant lui-même de son statut métabolique et variablement corrélé à sa morphologie. Ainsi la cellule microgliale serait-elle, dans l'EAS, une cible thérapeutique privilégiée. En raison de son action antiépileptique mais également anti-neuro-inflammatoire astrocytaire, nous avons fait l'hypothèse que le Levetiracetam (LEV) modulerait la réponse microgliale au cours du sepsis. Dans un modèle murin de péritonite bactérienne par ligature et ponction caecale, nous avons observé que le LEV réduisait la mortalité et la sévérité du comportement de maladie chez les souris septiques. L'intensité de l'expression microgliale des marqueurs Iba1, NOS2, HIF1a et de COX2 étaient significativement diminuées chez les souris septiques traitées par LEV, tant dans les centres neurovégétatifs, que l'amygdale, l'hippocampe et le cortex frontal. Nos observations in vitro sur les cellules microgliales BV2 murines stimulées par LPS ont mises en évidence que le LEV réduisait: 1) leur mort d'origine non-apoptotique tout en augmentant leur prolifération; 2) l'expression des gènes impliqués dans les réponses à l'hypoxie, aux cytokines et au stress ; 3) l'expression génique de nos2 et ptgs2 ; 4) la libération de NO et de PGE2, médiateurs potentiellement neurotoxiques ; 5) la glycolyse au bénéfice de la phosphorylation oxydative, optimisant ainsi la fonction mitochondriale et la production d'ATP. En revanche, nous n'avons pas constaté d'effet du LEV sur l'immuno-phénotype des cellules microgliales ni leur capacité de phagocytose. Ces effets transcriptomiques et métaboliques ne sont pas médiés par le SV2a, cible neuronale du LEV dont nous n'avons pas mis en évidence l'expression microgliale. Ces résultats in vitro et in vivo démontrent que le LEV est indépendamment du SV2a un modulateur des cellules microgliales activées par LPS dont il réduit la libération de médiateurs neurotoxiques et le dysfonctionnement mitochondrial. Cet effet, prédominant dans les centres neurovégétatifs et limbiques ainsi que l'hippocampe et le cortex frontal, contribuerait à son à réduire la mortalité et la sévérité de l'EAS à la phase aiguë d'une péritonite expérimentale. Ces résultats incitent à identifier la cible microgliale du LEV ainsi qu'à confirmer ces bénéfices chez les patients septiques.