Thèse soutenue

Modélisation Bayésienne de la toxicité pour l’évaluation de régimes de doses en essais de phase précoce en oncologie intégrant l’analyse pharmacocinétique et pharmacodynamique

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Auteur / Autrice : Emma Gerard
Direction : Sarah Zohar
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biostatistique
Date : Soutenance le 18/11/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche des Cordeliers (Paris ; 2007-....)
Entreprise : Sanofi
Jury : Président / Présidente : France Mentré
Examinateurs / Examinatrices : Sebastian Weber, Christina Yap
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas M. Braun, Rodolphe Thiébaut

Résumé

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Les essais de phase I en oncologie cherchent à évaluer la toxicité du nouveau médicament et permettent d’affiner l’information sur le mécanisme d’action de la molécule, notamment par des études pharmacocinétiques et pharmacodynamiques (PK/PD). Leur objectif est de déterminer la dose maximale tolérée (MTD) définie comme la dose la plus élevée qui ne dépasse pas une certaine probabilité de toxicité dose-limitante (DLT). La DLT est une toxicité binaire définie par l’occurrence d’effets indésirables graves. Des designs séquentiels d’escalade de dose ont été développés pour déterminer la MTD après un cycle de traitement, comme le 3+3 ou la méthode de réévaluation continue (CRM). L’évaluation de régimes de doses, définis comme la combinaison du plan d’administration (fréquence et mode) et de la dose, peut permettre de réduire le risque de toxicité tout en maintenant une efficacité future. Certains designs ont été développés pour évaluer le plan d’administration en plus de la dose, mais ils ne permettent pas de considérer une hypothèse complexe sur la toxicité. Dans un essai de phase I, des régimes de doses complexes, définis par une escalade de dose intra-patient, ont été mis en place afin de réduire le risque de la toxicité majeure attendue : le syndrome de libération des cytokines (cytokine release syndrome, CRS). Un design classique d’escalade de dose a été mis en place, mais il ne prend pas en compte l’information sur les régimes de doses. L’objectif de cette thèse est de développer une méthode, à appliquer à la fin de l’essai, afin de déterminer le régime de dose maximal toléré (MTD-régime). La première partie de la thèse se place dans le contexte de l’essai lors duquel la réduction du risque de CRS est supposée être liée à la réduction du pic de cytokine, qui peut être considéré comme un critère PD. Nous proposons une méthode Bayésienne intégrant de la modélisation PK/PD afin de modéliser l’hypothèse complexe entre la probabilité d’une toxicité reliée à la PD (CRS) et le régime de doses. Cette méthode modélise la relation entre le régime de doses et le profil PD à l’aide de modèles non linéaires à effets mixtes puis la relation entre le critère PD et la probabilité de toxicité à l’aide d’un modèle logistique ou hiérarchique. De bonnes performances de sélection du MTD-régime ont été observées sur une étude de simulations et la méthode est capable de prédire la probabilité de toxicité de régimes de doses qui n’ont pas été testés au cours de l’essai. Lors du travail précédent, seule la toxicité majeure attendue est modélisée, or d’autres DLT potentielles (DLTo) devraient également être prises en compte dans la recommandation du MTD-régime. Nous proposons d’étendre la méthode précédente pour inclure la modélisation des DLTo, sans hypothèse PK/PD sur le lien avec le régime de doses. Nous définissons la DLT comme une variable bivariée binaire afin de modéliser la DLTo en conservant la modélisation du premier type de toxicité avec de la PK/PD. Nous modélisons la probabilité cumulée de DLTo avec la dose cumulée administrée et développons trois approches pour modéliser la probabilité jointe de DLT à partir des modèles précédents pour prendre en compte une éventuelle association entre les toxicités : un modèle indépendant, un modèle de copule et un modèle conditionnel. Nos approches permettent d’améliorer les performances de sélection du MTD-régime dans la plupart des scénarios de simulation par rapport à la méthode d’escalade de dose implémentée et peuvent également prédire la probabilité de DLT de nouveaux régimes de doses qui n’ont pas été testés au cours de l’étude. En conclusion, notre approche de modélisation, à appliquer à la fin de la phase d’escalade de dose de l’essai, permet de recommander le MTD-régime et de proposer des régimes de doses alternatifs pour des cohortes d’expansion en utilisant de l’information additionnelle provenant de la PK/PD et de différents types de toxicité.