Thèse soutenue

Rôle des expositions aux radiations ionisantes naturelles dans le risque de leucémie aiguë et de tumeur cérébrale chez l’enfant en France métropolitaine

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Auteur / Autrice : Justine Berlivet
Direction : Jacqueline ClavelStéphanie Goujon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie
Date : Soutenance le 12/10/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité
Jury : Président / Présidente : Alain Monnereau
Examinateurs / Examinatrices : François Doz, Dominique Laurier
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Fervers, Marie-Odile Bernier

Résumé

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Les radiations ionisantes (RI) à forte dose ont été classées Cancérigènes Certains par le CIRC depuis de nombreuses années. L’objectif de cette thèse était d’approfondir les connaissances concernant l’impact des radiations ionisantes naturelles (RIN), à plus faibles doses, sur les risques de leucémies aiguës (LA) et de tumeurs du système nerveux central (SNC) de l’enfant, qui sont les deux cancers les plus fréquents chez les moins de 15 ans. L’enfant étant particulièrement sensible aux RI, l’hypothèse sous-jacente à ce travail était celle d’un risque accru de LA et de tumeur du SNC même pour les faibles doses de RI reçues dans un contexte naturel. Les études précédentes ont considéré le risque de LA avec des schémas divers, et leurs résultats n’étaient pas concordants. Le premier objectif de cette thèse était d’étudier le lien entre l’exposition aux RIN dans la commune de résidence à la naissance et l’incidence des LA, cette période constituant une fenêtre de radiosensibilité particulière. Les études concernant les tumeurs du SNC étaient moins nombreuses. Nous avons étudié pour la première fois le lien entre le risque de tumeur du SNC et le niveau de RIN en France métropolitaine, en considérant la commune de résidence au diagnostic, considérée également comme pertinente pour étudier l’effet des RIN. Les deux études reposaient sur les données du Registre National des Cancers de l’Enfant, qui rassemble tous les cas de cancers de l’enfant en France métropolitaine, depuis 1990 pour les LA et depuis 2000 pour les tumeurs solides. L’exposition aux RIN a été estimée par des méthodes géostatistiques (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), afin d’étudier les contrastes d’incidence des cancers en fonction des variations de l’exposition aux RIN dans les communes de France métropolitaine (modélisations de Poisson). Les indicateurs d’exposition ont été considérés à la naissance (pour les LA) ou au diagnostic (pour les tumeurs du SNC), ainsi que de manière cumulée. Avec 6 059 cas nés et diagnostiqués entre 1990 et 2009, nous n’avons pas mis en évidence d’association entre le niveau d’exposition aux rayons gamma ou au radon, dans la commune de résidence à la naissance, et le risque de LA, dans l’ensemble et par sous-types. Nous n’avons pas non plus observé d’association entre les RIN et le risque de tumeur du SNC dans l’ensemble (5 471 cas), mais les résultats étaient en faveur d’une association entre le niveau de radiations gamma et le risque d’astrocytome pilocytique, un type de tumeur cérébrale non maligne fréquente chez l’enfant, rare chez l’adulte. Une augmentation de 12% du taux d’incidence était observée pour une augmentation de 50 nSv/h du niveau de radiations gamma dans la commune de résidence au diagnostic. Cette association était robuste. Nos études étaient fondées sur des données de grande qualité, basées sur des expositions mesurées et géolocalisées précisément et sur des modèles validés, sur un territoire montrant une grande variabilité d’exposition aux RIN. Les effectifs étaient assez importants pour distinguer des sous-types de LA et de tumeurs du SNC. En France métropolitaine, nous n’avons pas observé d’association entre le niveau d’exposition aux RIN et le risque de LA de l’enfant, que ce soit en considérant la fenêtre d’exposition autour du diagnostic, ou celle autour de la naissance. Les travaux récents sur le rôle des RIN dans le risque de cancer de l’enfant ont rapporté des résultats discordants pour les LA : une association avec les radiations gamma était rapportée au Royaume-Uni et en Suisse, mais pas en Allemagne, ou en France, comme le montre ce travail de thèse. La prise en compte d’autres facteurs de variations géographiques de l’incidence des cancers de l’enfant pourrait permettre de préciser ces résultats et de mieux comprendre l’hétérogénéité observée. D’autres études sur les tumeurs du SNC doivent être mises en place, avec une attention particulière portée aux différents sous-groupes de tumeurs.