Thèse soutenue

Régionalisation des soins dans le cadre de la grande prématurité

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Auteur / Autrice : Thomas Desplanches
Direction : Béatrice Blondel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie
Date : Soutenance le 05/07/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité (2014-....)
Jury : Président / Présidente : Pascal Astagneau
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Astagneau, Françoise Vendittelli, Stéphane Marret, Corinne Dupont
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Vendittelli, Stéphane Marret

Résumé

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Un des objectifs du programme de régionalisation des soins mené en France depuis 1998 est de centraliser la naissance et la prise en charge des grands prématurés dans des centres périnataux de type III (unité d’obstétrique spécialisée dans le suivi des grossesses pathologiques associée à une unité de réanimation-néonatale). Cependant, les facteurs associés au risque d’accouchement en dehors de ces centres spécialisés restent encore mal connus en France. De plus, le volume d’activité de ces centres est très variable, alors qu’il pourrait avoir un impact sur la qualité de la prise en charge et donc sur le devenir des grands prématurés. L’objectif de cette thèse est d’une part d’étudier les mécanismes et les déterminants de la régionalisation en France et d’autre part de mesurer l’impact du volume d’activité des centres périnataux de type III sur le devenir des grands prématurés à 2 ans. La recherche a porté sur les accouchements entre 24 et 30 semaines d’aménorrhée (SA), essentiellement à partir de la cohorte française EPIPAGE 2 de 2011. Au total, 16,1% des accouchements étaient outborns (accouchement en dehors d’un centre périnatal de type III). Ce résultat était obtenu principalement grâce à un taux élevé de transferts in utero (49,8 %). Parmi les accouchements outborns, on a estimé que 17% étaient probablement évitables et 25 % potentiellement évitables. Les facteurs de risque d’accouchement outborns étaient un âge gestationnel inférieur à 26 SA, un suivi prénatal irrégulier, la présence d’un hématome rétro-placentaire et une distance élevée entre le domicile et le centre périnatal de type III le plus proche. Les femmes à haut risque d’accouchement prématuré en raison d’un antécédent périnatal grave, d’une grossesse multiple, ou d’une comorbidité préexistante n’avaient pas un risque moindre d’accoucher en dehors d’un centre de type III. L’analyse de l’impact du volume d’activité des unités de réanimation néonatale a montré que la survie sans handicap neuromoteur et sensoriel à 2 ans était plus faible parmi les enfants nés dans les services ayant un faible volume d’activité (< 55 admissions par an) comparativement aux centres ayant le volume le plus élevé (≥ 110 par an). La qualité des soins pourrait avoir joué un rôle dans cette association, car la proportion de grands prématurés bénéficiant de pratiques médicales recommandées augmentait avec le volume d’activité des centres de type III. Des analyses descriptives conduites à partir des bases médico-administratives nationales ont montré que, d’une part l’offre de soins et le volume des centres périnataux de type III avaient été stables entre 2012 et 2019, et d’autre part que la proportion d’accouchements outborns d’enfants grands prématurés avait diminué sur cette période. Nos résultats montrent la capacité de notre système à centraliser les accouchements prématurés dans les centres adaptés. Cependant, une réflexion sur les stratégies d’orientation des femmes à haut risque et sur les mécanismes expliquant la relation entre taille des centres et santé permettrait d'optimiser la prise en charge des grands prématurés.