Étude du métabolisme mitochondrial au cours du développement embryonnaire humain précoce
Auteur / Autrice : | Kalliopi Chatzovoulou |
Direction : | Julie Steffann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Génétique |
Date : | Soutenance le 06/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des Maladies Génétiques (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Benoît Funalot |
Examinateurs / Examinatrices : Agnès Rötig | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Procaccio, Véronique Duranthon |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les mitochondries jouent un rôle important dans le développement embryonnaire humain précoce, en fournissant l'énergie nécessaire à la reprise de la méiose, à l'activation du zygote et à l'embryogenèse. Si des défauts mitochondriaux sont associés à des infertilités, certaines études ont paradoxalement montré la nécessité d'un métabolisme «calme» dans l'embryon précoce, soulignant la nécessité d'une régulation fine du métabolisme oxydatif à ce stade. Afin de déterminer si des défauts qualitatifs et/ou quantitatifs de l'ADN mitochondrial (ADNmt) ont un impact sur le développement embryonnaire humain précoce, nous avons étudié les conséquences de mutation de l'ADNmt sur les paramètres embryonnaires. Nous avons comparé la qualité et la viabilité des embryons préimplantatoires « témoins » (n=165, à risque d'être atteints d'une maladie génétique non-métabolique, non-mitochondriale) à des embryons «Mito» (n=16, issus de patientes porteuses des mutations m.8344A>G, m.3243A>G et m.9185T>C). Nous avons mesuré la quantité d'ADNmt sur une ou deux cellule(s) isolée(s) de ces embryons au troisième jour de vie (J3), afin de détecter une possible adaptation au déficit respiratoire induit par les mutations chez les embryons Mito. Nous n'avons observé aucun effet d'une mutation de l'ADNmt sur la qualité et/ou viabilité embryonnaire, ainsi que sur la quantité de l'ADNmt. De plus, les paramètres de réserve ovarienne ou l'âge maternel n'ont aucune influence sur la quantité d'ADNmt embryonnaire. Nos travaux sont en faveur d'une absence d'événement de sélection envers les mutations de l'ADNmt à ce stade très précoce du développement. Ces observations vont à l'encontre de précédents résultats de notre équipe montrant que les embryons à un stade plus tardif (J5) compensent la présence de certaines mutations (m.3243A>G) en augmentant leur quantité d'ADNmt. Afin de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu, nous avons comparé le transcriptome d'embryons témoins (n=33) à celui d'embryons atteints d'une maladie mitochondriale (n=9), collectés au stade blastocyste (J5-7). Nous avons observé une dérégulation de l'expression génique dans les embryons atteints, avec une répression des gènes impliqués dans la phosphorylation oxydative, et une surexpression de gènes impliqués dans la survie et la mort cellulaire. Nos résultats suggèrent qu'un défaut mitochondrial a des effets délétères sur le métabolisme mitochondrial et l'homéostasie cellulaire dès le stade préimplantatoire, occasionnant la mise en place de mécanismes adaptatifs nécessaires à la survie embryonnaire. Enfin, dans le cadre d'une collaboration, nous avons étudié les effets sur le développement embryonnaire humain de la molécule cFEE, analogue du site de fixation de la protéine ADAM2 spermatique, et connue pour augmenter chez la souris les taux de fécondation d'ovocytes et le pourcentage de blastulation, et chez l'humain améliorer le développement préimplantatoire. Afin de détecter un lien entre les effets positifs de la cFEE et le métabolisme mitochondrial, nous avons comparé la quantité d'ADNmt dans des embryons témoins (n=9) et traités par cFEE (n=9), au stade blastocyste. Nous n'avons trouvé aucune différence de quantité d'ADNmt entre les embryons témoins et traités, suggérant que la cFEE agit via une autre voie. En conclusion, nous montrons que si la présence d'une mutation d'un gène mitochondrial n'a pas de répercussion notable sur le développement embryonnaire précoce en terme de qualité et viabilité, elle impacte le métabolisme mitochondrial de l'embryon dès les premiers jours, via une dérégulation de l'expression génique. Une meilleure connaissance de ces mécanismes est fondamentale pour garantir la mise en place des méthodes de lutte contre l'infertilité et de prévention de la transmission des maladies par mutation de l'ADNmt dans des conditions de sécurité satisfaisantes.