Thèse soutenue

Monitorage non invasif de la nociception sous anesthésie générale par pupillométrie

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Auteur / Autrice : Nada Sabourdin
Direction : Isabelle Constant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie
Date : Soutenance le 02/07/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pharmacologie et évaluations thérapeutiques chez l'enfant et la femme enceinte (Paris ; 2014 -....)
Jury : Président / Présidente : Souhayl Dahmani
Examinateurs / Examinatrices : Souhayl Dahmani, Valeria Martinez, Karim Asehnoune, Jean-Michel Constantin, Lionel Velly
Rapporteurs / Rapporteuses : Valeria Martinez, Karim Asehnoune

Résumé

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Le monitorage de la nociception est l'un des défis actuels en anesthésie. L'objectif final du développement de ce monitorage est d'administrer pour chaque patient, à chaque étape de la chirurgie, la juste dose d'analgésiques. En pratique clinique habituelle, les anesthésistes diagnostiquent la nociception par la survenue de mouvements, l'augmentation de la fréquence cardiaque ou de la pression artérielle. Mais ces paramètres ne sont ni précoces, ni sensibles, ni spécifiques. Plusieurs moniteurs ont été développés ces dernières années dans l'optique d'améliorer l'évaluation de la nociception. La stimulation nociceptive induit une augmentation du diamètre pupillaire : ce phénomène est appelé Réflexe de Dilatation Pupillaire (RDP) à la douleur chez le sujet éveillé, RDP à la nociception chez le sujet inconscient. La pupillométrie est basée sur la mesure des variations du diamètre pupillaire. Le pupillomètre est constitué d'une caméra infra-rouge qui reconnaît l'orifice pupillaire, suit ses mouvements, et mesure son diamètre instantané. Ce dispositif est non-invasif : aucun élément du pupillomètre n'est en contact avec l'oeil du patient. Notre démarche de recherche s'inscrit dans le processus d'étude de la pupillométrie comme outil de monitorage de la nociception per-opératoire. Dans une première partie, nous détaillons les circuits physiologiques qui construisent le rationnel de l'utilisation de la pupillométrie dans cette indication. Nous évoquons successivement l'innervation autonome pupillaire, les circuits ascendants de la nociception, les circuits descendants anti-nociceptifs, les sites et mécanismes d'action des morphiniques, ainsi que le retentissement de l'anesthésie sur l'ensemble de ces réseaux. Nous présentons enfin les données relatives à la pupillométrie sous anesthésie déjà connues au début de ce travail. Puis nous proposons une série de trois publications originales : Tout d'abord, nous avons complété la validation de la pupillométrie en tant que monitorage quantitatif de la nociception sous anesthésie. Il était déjà démontré que la dilatation pupillaire était inversement corrélée à la quantité d'opioïdes administrés avant une stimulation standardisée. Pour compléter ces résultats, nous avons démontré que cette dilatation pupillaire était également positivement corrélée à l'intensité de la stimulation nociceptive pour une même dose d'opioïdes administrés. Ainsi, la dilatation pupillaire est un paramètre dont l'importance est liée à l'intensité de l'activation des circuits nociceptifs. Dans une deuxième étude, nous avons mis en évidence les bénéfices cliniques associés au monitorage pupillométrique per-opératoire pour le patient. Nous avons montré que le guidage pupillométrique peropératoire du rémifentanil était associé à une moindre consommation de morphiniques per et post-opératoires, pour une efficacité analgésique équivalente. Nos résultats suggèrent également une possible diminution associée de l'incidence des douleurs chroniques post-opératoires. Enfin, nous avons réalisé la première étape de validation d'un nouvel outil pupillométrique, le Pupillary Pain Index, qui propose une approche innovante basée sur l'anticipation de la réaction nociceptive, et non sur son diagnostic a-posteriori. Nous avons montré qu'en diminuant la réactivité du patient à la nociception au moyen de morphiniques, l'index PPI, supposé représenter la réactivité du patient, diminuait également. En adaptant l'analgésie sur la réaction « prévisible », il deviendrait possible d'éviter plutôt que de corriger l'inadéquation entre l'analgésie et la stimulation nociceptive. Pour conclure, nous discutons l'ensemble de ces résultats, les perspectives de recherche à venir, la place de la pupillométrie au sein de l'ensemble des moniteurs de nociception, son implémentation pratique dans les blocs opératoires, et les questions d'ordre général soulevées par le développement de ce type de technologies dans notre spécialité.