Thèse soutenue

Identification et caractérisation de nouveaux mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans les podocytopathies héréditaires

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Auteur / Autrice : Francesco Miscia
Direction : Géraldine Mollet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et moléculaire
Date : Soutenance le 08/07/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Maladies Génétiques (Paris)
Jury : Président / Présidente : Nadia Bahi-Buisson
Examinateurs / Examinatrices : Nadia Bahi-Buisson, Olivier Namy, Vasiliki Kalatzis, Vincent Cantagrel, Khalil El Karoui
Rapporteur / Rapporteuse : Olivier Namy, Vasiliki Kalatzis

Résumé

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Les podocytopathies héréditaires sont des maladies rénales rares caractérisées par une perte de protéines dans les urines due à des défauts intrinsèques du podocyte, une cellule épithéliale post-mitotique spécialisée. L'atteinte rénale peut être isolée ou associée à des atteintes extra-rénales comme dans le syndrome de Galloway-Mowat (GAMOS), associant un syndrome néphrotique cortico-résistant (SNCR) à une microcéphalie et une atteinte neurologique. L'identification de mutations dans ces gènes soulève la question fascinante des voies moléculaires qui pourraient être communes au développement et à la fonction rénale et cérébrale, les podocytes et les neurones partageant de nombreuses caractéristiques. L'objectif global de ce travail de thèse était d'identifier de nouveaux gènes candidats de SNCR et GAMOS. Ainsi, cette étude rapporte l'identification de 2 nouvelles mutations du gène TSEN54 (tRNA splicing endonuclease subunit54) chez des patients avec SNCR ou GAMOS. La 1ère mutation crée un site cryptique d'épissage dans l'intron 5 et la 2nd est une mutation non-sens dans l'exon 8. Curieusement, la mutation intronique est présente à l'état homozygote chez les patients avec SNCR, alors qu'elle est à l'état hétérozygote associée en trans à la mutation stop chez le patient avec GAMOS. TSEN54 est une des sous-unités du complexe TSEN, impliqué avec CLP1 dans l'épissage des introns de certains ARNt. Fait intéressant, des mutations ont été identifiées dans les gènes codant toutes les sous-unités du complexe TSEN et CLP1, chez des individus avec hypoplasie pontocérébelleuse (PCH), un groupe de maladies neurodéveloppementales autosomiques récessives rares. Etonnamment, aucune atteinte rénale n'a été rapportée à ce jour dans les cas de PCH. Ainsi, l'objectif de ces travaux a été de chercher à comprendre pourquoi cette mutation particulière du gène TSEN54, et seulement celle-ci, provoque le phénotype rénal isolé. Nous avons d'abord étudié l'impact des mutations sur l'ARNm et les protéines dans des lignées lymphoblastoïdes (LCLs), issues d'un patient avec SNCR et des parents d'un patient avec GAMOS décédé prématurément, et montré que chez le patient avec SNCR deux transcrits sont présents, le 1er correspondant au transcrit sauvage (WT) et le 2nd au transcrit mutant contenant une rétention de 47 paires de bases introniques, confirmant que les deux sites d'épissage canonique et cryptique sont utilisés. De plus, une petite quantité de protéine TSEN54 WT est détectée dans les LCLs du patient avec SNCR, alors qu'aucune protéines mutantes ne l'est. Comme la fonction principale du complexe TSEN est d'épisser les introns, nous avons montré, par séquençage des ARNt (tRNA-seq) des LCLs d'un contrôle et du patient SNCR, une augmentation des ARNt non épissés chez le patient SNCR. De plus, pour mieux comprendre les mécanismes cellulaires responsables de l'atteinte rénale, nous avons montré une diminution de la prolifération et de la synthèse protéique dans les podocytes humains immortalisés exprimant peu de TSEN54. Enfin, pour tenter de comprendre pourquoi les mutations TSEN54 entraînent un phénotype rénal et/ou neurologique, nous avons généré des lignées iPSC à partir du patient avec SNCR et du père du patient GAMOS, cette dernière lignée ayant été génétiquement modifiée par CRISPR/Cas9 pour mimer le génotype du patient GAMOS. Puis, pour obtenir les types cellulaires pertinents pour la maladie, ces lignées iPSC ont été différenciées en cellules souches neurales (NSCs), en neurones corticaux et organoïdes rénaux. À ce jour, plusieurs expériences sont en cours, notamment des analyses des profils transcriptomiques des NSCs et des podocytes triés à partir d'organoïdes rénaux, des analyses des défauts d'épissage des introns et l'étude de divers processus cellulaires dans les NSC. Au total, ces résultats aideront à mieux appréhender les mécanismes cellulaires et moléculaires pathologiques liés aux mutations du gène TSEN54 et responsables du SNCR et du GAMOS.