Les échantillons biologiques et les données, « sésame » de la recherche en santé : une relecture du principe de consentement éclairé en faveur de l'information active des personnes
Auteur / Autrice : | Elise Jacquier |
Direction : | Marie-France Mamzer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Éthique médicale |
Date : | Soutenance le 22/02/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (Malakoff, Hauts-de-Seine ; 1996-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche des Cordeliers (Paris ; 2007-....) |
Entreprise : Dedalus France (entreprise) | |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Le Coz |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Le Coz, Marta Spranzi, Emmanuelle Gormally, Sandrine de Montgolfier, Anne-Laure Morin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marta Spranzi, Emmanuelle Gormally |
Mots clés
Résumé
Contexte. Historiquement, le principe d'information et de consentement visait à garantir la liberté de l'individu à participer à une recherche. L'information préalable à l'expression du consentement devait permettre à la personne de choisir librement et en conscience d'y participer. Témoin de la volonté « libre et éclairée » de prendre part au développement scientifique, le consentement éclairé est devenu un incontournable dans ce domaine. Les biobanques et les entrepôts de données, structures « intermédiaires » créées afin d'organiser la gestion et la mise à disposition des échantillons biologiques et des données à des fins de recherche, questionnent la mise en application traditionnelle du principe d'information et de consentement à la recherche. Cette thèse interroge la nécessité de préserver le principe d'information et de consentement à la recherche dans ce contexte de recherche sur échantillons biologiques et sur données, au regard des pratiques. Il questionne la valeur épistémique du consentement éclairé, et explore les possibilités d'adapter ce principe de l'éthique de la recherche aux spécificités de ces nouvelles pratiques. Méthode. Trois enquêtes empiriques ont permis de documenter les outils d'information et de consentement utilisés par les professionnels : les supports écrits d'information et de consentement utilisés au sein d'un consortium de recherche translationnelle spécialisé dans le cancer (SIRIC CARPEM) ont fait l'objet d'une analyse systématique de contenu. Une étude par questionnaire auprès d'un réseau national de centres de ressources biologiques (Club 3C-R) a permis d'explorer leurs pratiques et leur disposition à développer un site internet d'information grand public sur les activités de recherche en biobanque. Dans le cadre d'une bourse CIFRE, le partenariat avec la société Dedalus France, éditeur de logiciels en santé, a permis d'explorer la nature de la contribution d'un acteur industriel dans l'économie de la recherche, à travers l'étude et la conception d'un outil de gestion dématérialisée des consentements. Résultats. Nos résultats suggèrent qu'à l'échelle individuelle, les échantillons biologiques et les données proviennent majoritairement du soin, et que le modèle du « consentement large », qui autorise l'utilisation de ces « ressources biologiques » à de multiples fins de recherche, à partir d'une information individuelle unique, est prédominant. A l'échelle organisationnelle, les centres de ressources biologiques utilisent volontiers l'outil Internet pour diffuser des informations grand public, mais leurs dispositions à construire un outil d'information grand public mutualisé, tourné vers les patients, reste à confirmer. Enfin, la place des éditeurs de logiciels semble répondre à une logique d'adaptation de l'offre à la demande, avec des préoccupations de garantie de la conformité réglementaire. Discussion. Les pratiques observées concourent à réduire le consentement éclairé à un moyen permettant la circulation des ressources biologiques au profit de la recherche. Pourtant, malgré le détachement physique entre la personne et ses échantillons biologiques et données, le consentement peut permettre à la personne de préserver une forme de contrôle sur l'utilisation scientifique de ses échantillons biologiques et de ses données. Pour ce faire, l'information doit être améliorée, en étant envisagée comme un outil de promotion et de valorisation de la recherche, et un moyen de renforcer la capacité des personnes à se déterminer dans la recherche en santé. A travers une nouvelle interprétation de ce principe, de nouveaux droits des personnes contribuant à la recherche en santé pourraient émerger. Par leur consentement éclairé, les personnes qui le souhaitent pourraient endosser un rôle significatif en adhérant à un modèle de participation active dans la recherche en préservant un lien avec leurs ressources biologiques, ou préférer un statut de « donneur » d'échantillons biologiques et de données.