Thèse soutenue

Terre de passage, d’accueil ou terre hostile ? : les étrangers en Auvergne, 1815 - 1940
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Auteur / Autrice : Camille Cordier-Montvenoux
Direction : Jean-Claude CaronJean-Philippe Luis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'histoire Espaces et cultures (Clermont-Ferrand)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Delphine Diaz, Laurent Dornel, Louis Hincker
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Aprile, Catherine Brice

Résumé

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Généralement perçue comme une terre d’émigration, l’Auvergne est pourtant dès le début du XIXe siècle confrontée à des flux de populations étrangères. Aux prisonniers de guerre de la fin de l’Empire, s’ajoute rapidement la venue de réfugiés politiques de différents horizons (Polonais, Espagnols, Italiens) durant les monarchies censitaires. Terre d’accueil, l’Auvergne connaît de modestes flux de main-d’œuvre durant la première moitié du XIXe siècle, avant que cette migration ne s’accélère à la fin du siècle. Rurale, la région emploie d’abord une main-d’œuvre agricole. Devenue de plus en plus industrielle au tournant du XIXe-XXe siècle, elle voit l’émergence de plusieurs pôles qui attirent les travailleurs étrangers. Parallèlement, la région traverse la Première Guerre mondiale et l’entre-deux-guerres en accueillant à nouveau des populations captives (Allemands, Austro-Hongrois), des réfugiés (Belges, Russes, puis Espagnols) tandis que la main-d’œuvre étrangère se diversifie et s’amplifie. L’étude des présences étrangères en Auvergne sur une temporalité longue permet d’une part de reconsidérer l’image de l’Auvergne et de l’identifier, malgré son enclavement, comme une région à la fois refuge et carrefour. L’articulation entre échelle régionale et locale, pensée dans leur interaction avec le territoire national, permet de mettre en lumière les logiques d’installation des étrangers, les phénomènes de concentration et de mise à l’écart. Bâtie sur l’exploitation de sources administratives et de la presse, cette présente étude envisage une réflexion plus large sur la construction de l’extranéité entre 1815 et 1940, de la Restauration jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de double affirmation d’un État libéral et social et de la construction de la Nation. En envisageant à la fois la figure du migrant, de la migrante et de l’enfant, l’objectif est de montrer la diversité des trajectoires et de restituer les capacités d’action de l’étranger, malgré le poids des représentations de la société d’accueil. Les pratiques d’accueil, la gestion des flux migratoires et de réfugiés interrogent plus largement sur les pratiques coercitives exercées sur eux et auxquels ils doivent s’adapter. Enfin, le temps long et la diversité des figures rencontrées (prisonniers de guerre, réfugiés, migrants économiques) permettent de repenser l’extranéité, donnant une lecture plus complexe de l’antagonisme national/non-national.