Cognition, sémiotique et normativité : genèse et enjeux du concept d'écologie de l'esprit chez Gregory Bateson
Auteur / Autrice : | Julien Claparède-Petitpierre |
Direction : | Sébastien Gandon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie, épistémologie |
Date : | Soutenance le 25/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire Philosophies et Rationalités (Clermont-Ferrand) |
Laboratoire : Laboratoire Philosophies et Rationalités / PHIER | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Étienne Bimbenet, Claude Gautier, Jean-Philippe Narboux, Carlo Severi, Florence Weber |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Des travaux de Gregory Bateson on aura retenu le concept d'écologie de l'esprit grâce au succès du recueil d'articles publié en 1972, Steps to an ecology of Mind. Souvent qualifiée d'hétérodoxe, l'œuvre de Bateson semble déjouer les circonscriptions disciplinaires en mobilisant tour à tour la cybernétique, l'interactionnisme, l'éthologie, le behaviorisme voire la génétique. Néanmoins, par-delà cet aspect hétéroclite, il est possible d'identifier l'unité d'un projet théorique qui s'enracine dans les problèmes des écoles anthropologiques britannique, française et américaine de la première moitié du XXe siècle. Ce travail de thèse s'efforce ainsi de reconstituer la genèse du concept d'écologie de l'esprit en replaçant la trajectoire intellectuelle de Bateson dans les coordonnées disciplinaires de l'anthropologie. En restituant, dans un premier temps, les lignes de fracture qui organisent les débats de cette discipline dans les années 1920 et 1930, ces recherches mettent en lumière une filiation dominante qui va de Durkheim, Radcliffe-Brown à Bateson et se traduit par l'importance théorique accordée au phénomène de la normativité. Comme le montre ensuite une lecture étroite de Naven, il apparaît que l'intérêt de Bateson pour les normes ne le conduit néanmoins pas tant à élaborer une anthropologie sociale, entendue comme science quasi-juridique des coutumes, qu'à formuler le projet d'une anthropologie cognitive tendant à assimiler les phénomènes culturels à un environnement sémiotique. S'appuyant également sur certains aspects des travaux de Malinowski, de Haddon, de Bartlett, de Benedict et de Mead, Bateson élabore une théorie de la culture indissociable d'une certaine conception de l'esprit sur laquelle se penche le dernier moment de ce travail. En effet, les travaux ultérieurs de Bateson, s'échelonnant jusqu'aux années 1970, attestent d'un intérêt désormais compréhensible pour l'éthologie, la psychologie expérimentale, la sémiotique ou encore la notion d'Umwelt de Von Uexküll qui lui permettent de développer les concepts nécessaires à une analytique de la communication sociale non-verbale. En insistant sur la capacité spontanée des organismes, et particulièrement des animaux, à vivre dans un milieu sémiotique aussi signifiant qu'omniprésent, Bateson montre que l'interaction sociale et la cognition culturelle humaines constituent une version singulière et hautement complexe d'une écologie de l'esprit dont les traits les plus généraux s'enracinent toutefois dans le phénoménisme et la « grâce » des montages psycho-physiologiques réflexes d'une vie animale dénuée de réflexivité.