Thèse soutenue

La valorisation des ressources forestières en Afrique centrale : état des lieux et perspectives de développement à partir des produits forestiers non ligneux (PFNL) en Angola, au Cameroun, au Congo, au Gabon et en République Démocratique du Congo.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Mayawa Vunda
Direction : Daniel Ricard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 10/06/2021
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR Territoires (Clermont-Ferrand)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bénédicte Thibaud, Hélène Mainet-Valleix
Rapporteurs / Rapporteuses : Ndonga Mfuwa, Jean-Fabien Steck

Résumé

FR  |  
EN

Cette recherche doctorale en géographie est tournée vers le développement territorial et part du constat d’une transition du mode de vie traditionnel des « chasseurs-cueilleurs » soumis à une pression démographique croissante qui perturbe les écosystèmes vers des pratiques contemporaines, davantage écologiques et durables. L’étude insiste sur la valorisation des « produits forestiers non ligneux » (PFNL), des produits spontanés d’origine végétale et animale (autres que le bois d’œuvre), issus du prélèvement traditionnel effectué par les ruraux-cueilleurs dans l’immense écorégion forestière de l’Afrique centrale. Ces produits culturellement partagés entre les peuples de la région et alimentant des formes de consommation intense et variée faisant d’eux un « filet de sauvetage » pour bien des ménages ruraux et urbains démunis. Ils constituent, de ce fait, une source indéniable d’alimentation, de traitement contre les maladies tropicales, d’énergie, de construction et de revenu, voire de création d’emplois impliquant 80 % des femmes dans les filières commerciales essentiellement informelles. Les PFNL apparaissent progressivement aujourd’hui comme une ressource territoriale et se posent comme une alternative de sortie de crise ou de sortie du mal développement endémique local. L’hypothèse principale de la recherche considère donc que « la valorisation des PFNL d’Afrique centrale pourrait contribuer au développement territorial », hypothèse vérifiée notamment à partir de l’étude de cas de deux produits prioritaires (le miel et Gnetum spp.) dans la province d’Uíge (nord de l’Angola) et appuyée par une recherche documentaire ayant permis de réaliser au préalable un état des lieux global de la situation de ces produits en Angola, au Cameroun, au Congo, au Gabon et en République Démocratique du Congo. Il a été question dans cette thèse de géographie de comprendre les modes d’accès à la ressource des PFNL par les communautés rurales, l’impact socio-économique et environnemental de ceux-ci face à une croissance démographique et urbaine continue, corrélée à une forte demande et à une forte pression sur les milieux naturels due au changement de paradigme que l’on observe, depuis des produits ayant longtemps relevé de la simple subsistance villageoise pour aller vers des spécialités progressivement insérées dans le marché, le tout conduisant à sortir du « local » pour aller vers le « global ». Cette nouvelle dynamique s’exprime par le développement des échanges régionaux associés à l’intégration régionale (mise en place de zones commerciales suprarégionales) et à l’exportation vers l’Europe. Cette forme de reconsidération des PFNL ouvre la voie à des perspectives de développement territorial, soumis cependant à la question de durabilité à cause d’une intense exploitation, de concert avec d’autres formes d’exploitation forestière appauvrissant davantage ces produits et perturbant les écosystèmes (exploitation du bois d’œuvre, minière, agriculture sur brulis…), comme c’est le cas du Gnetum spp. (légume forestier très prisé dans la région) qui connaît un fort recul forestier. Le plan de convergence de la Commission des Forets d’Afrique Centrale (COMIFAC) vise ici une gestion et une valorisation plus durable des ressources forestières, notamment des PFNL, qui doivent aussi intégrer les politiques économiques formelles des pays de la région pour un possible développement territorial. La domestication des espèces les plus convoitées par les ruraux-cueilleurs et la modernisation des savoir-faire locaux de prélèvement traditionnel, sont autant de stratégies ciblées par cette étude pour une gestion durable des ressources fournissant les PFNL. L’expérience apicole de recherche-action visant à vulgariser l’apiculture dans la province d’Uíge, au détriment de la chasse au miel, bien peu écologique (usage du feu pour décimer les abeilles au moment de prélèvement), en est un exemple concret pour la protection de la biodiversité et de [...]