Réémergence virale épidémique : coxsackievirus A6 et entérovirus A71, de la maladie pied-main-bouche aux atteintes neurologiques
Auteur / Autrice : | Stéphanie Tomba Ngangas |
Direction : | Jean-Luc Bailly, Audrey Mirand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie - Santé |
Date : | Soutenance le 05/02/2021 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de virologie - équipe EPIE - EA4843 |
Jury : | Rapporteurs / Rapporteuses : Evelyne Schvoerer, Alexis de Rougemont |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les entérovirus (EV) sont des virus entériques (famille des Picornaviridae) classés parmi quatre espèces taxonomiques (A à D). Les infections à EV symptomatiques sont associées à des atteintes neurologiques, respiratoires, cardiaques, musculaires, cutanéomuqueuses. La maladie pieds-mains-bouche (PMB) se caractérise par une éruption cutanée et des ulcérations buccales chez les enfants de moins 5 ans. L’EVA71 (EVA71) et le coxsackievirus A6 (CVA6) sont parmi les types d’EV de l’espèce A, les plus fréquemment associés à la maladie PMB. En France, l’EVA71 est associé à la recrudescence d’atteintes neurologiques depuis 2016, et le CVA6 est relié à la survenue d’épidémies régulières de maladie PMB. L’objectif de la thèse est de comparer les réémergences épidémiques de ces deux virus par l’analyse comparative des génomes. L’épidémie d’atteintes neurologiques sévères en 2016 a été associée au variant C1v2015 classé dans le sous-génogroupe C1 d’EVA71 et dont l’émergence a été datée en 2010. Le génome de ce virus présente une structure chimérique caractéristique de multiples évènements de recombinaison. Le génome du virus C1v2015 montre des variations notables par rapport à celui des virus antérieurs dans des segments codant des épitopes exposés à la surface des protéines de capside. Nous avons daté en 2013 la survenue d’un évènement de recombinaison qui a remplacé le gène de la polymérase 3Dpol précédant de peu la propagation épidémique du virus en Europe à partir de 2015. Pour étudier le CVA6, nous avons mis au point une méthode de séquençage NGS que nous avons appliquée à des échantillons cliniques recueillis en France entre 2010 et 2018. En France, depuis 2014, les épidémies sont liées au sous-génogroupe D4 qui a émergé globalement en 2004. L’étude du gène 3Dpol permet d’identifier 5 nouvelles formes recombinantes. Les caractéristiques épidémio-cliniques des cas de maladie PMB rapportés en France montrent que l’émergence du CVA6 a été contemporaine de l’augmentation de formes atypiques de la maladie, une tendance aussi observée à l’échelle mondiale. En conclusion, nos travaux montrent l’intérêt de l’analyse des génomes complets d’EV pour comparer les variations moléculaires et retracer l’histoire évolutive et épidémique des virus réémergents.