Intérêts du phénotypage de la personnalité pour améliorer la lutte biologique : cas d’étude chez l’auxiliaire Trichogramma evanescens
Auteur / Autrice : | Silène Lartigue |
Direction : | Jérôme Moreau, Thibaut Malausa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations et écologie |
Date : | Soutenance le 17/03/2021 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Biogéosciences (Dijon) |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Joan Van Baaren |
Examinateurs / Examinatrices : Ruth Hufbauer, Lucia Zappalà, Isabelle Amat | |
Rapporteur / Rapporteuse : Thierry Hance |
Mots clés
Résumé
Une approche prometteuse pour améliorer l’utilisation des agents de lutte biologique en protection des cultures repose sur la prise en compte de leurs variations intra-spécifiques sur des traits liés aux capacités des agents de lutte à être élevés en masse ou à contrôler les ravageurs au champ. Dans ce contexte, les variations comportementales interindividuelles qui sont stables au cours du temps et des situations (appelées aussi personnalité) n’ont jamais été considérées dans les programmes de lutte biologique, alors qu’elles (i) peuvent être héritables et (ii) sont corrélées à des traits liés à la valeur sélective et peuvent donc impacter l’efficacité des auxiliaires des cultures. Les deux objectifs majeurs de cette thèse étaient (i) de développer des protocoles expérimentaux permettant de mesurer les traits de personnalité chez l’auxiliaire de lutte biologique parasitoïdes d’œufs Trichogramma evanescens, et (ii) d’évaluer la faisabilité et l’intérêt de l’utilisation des phénotypages de personnalité dans des programmes d’amélioration génétique de cet auxiliaire : estimer l’héritabilité des traits de personnalité et étudier leurs relations avec des traits liés à la fitness et aux performances de lutte biologique. Dans ce but, nous avons développé un protocole de suivi vidéo permettant de mesurer des traits de personnalité et avons pu caractériser des traits liés à la personnalité (mais également la fécondité, la longévité et la taille) sur plus de mille femelles issues de 24 lignées isogéniques de T. evanescens. Nous avons mis en évidence pour la première fois chez cette espèce l’existence de variations interindividuelles stables dans des traits comportementaux liées à l’audace, à l’activité et à l’exploration. Nous avons montré des différences de personnalité entre les 24 lignées isogéniques utilisées, ce qui souligne que les variations comportementales observées ont une part d’origine génétique (les valeurs d’héritabilité au sens large que nous avons estimées varient de 0,06 à 0,11). Nous avons également mis en évidence l’existence d’un compromis évolutif (ou trade-off) entre l’exploration et la fécondité chez ces lignées. Nous avons ensuite mené des expérimentations dans des champs de maïs, sur 38 points de lâchers, afin d’attribuer à ces lignées des variables liées à leurs mouvements et parasitisme sur le terrain, comme le nombre d’agrégats d’œufs hôtes parasités et les distances moyenne et maximale observées le point de lâcher et les sites de ponte. Nos résultats suggèrent que la personnalité a un effet sur la distance entre point de lâcher et site de ponte chez T. evanescens sur le terrain, alors que nous n’avons observé aucun effet des variables liées à des traits classiquement considérés dans les programmes de lutte biologique (fécondité, longévité et taille). Pour conclure, nous avons pour la première fois évalué le lien entre des traits de personnalité mesurés en laboratoire et le mouvement d’un auxiliaire de lutte biologique sur le terrain, et nous discutons des perspectives d’études à venir et de développements nécessaires pour permettre d’intégrer les traits de personnalité dans les programmes de sélection des auxiliaires de lutte biologique dans le but d’augmenter l’efficacité de ces derniers.