Thèse soutenue

Évaluations de stratégies thérapeutiques en cancérologie digestive : choix des critères de jugements, des mesures d'exposition et modélisation

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Auteur / Autrice : Adrien Guilloteau
Direction : Christine BinquetMichal Abrahamowicz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine, santé publique, environnement et société
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Laboratoire : Lipides, Nutrition, Cancer (LNC) (Dijon)
Jury : Président / Présidente : Côme Lepage
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Tubert-Bitter
Rapporteurs / Rapporteuses : Gwénaël Le Teuff, Anne Thiébaut

Résumé

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Les cancers colorectaux métastatiques (CCRm) sont des maladies à la fois graves et fréquentes, entrainant un nombre conséquent de décès chaque année. Les chimiothérapies curatives administrées dans la prise en charge des CCRm étant pourvoyeuses de nombreuses toxicités, des stratégies de limitations de ces toxicités ont été mises en place. Notamment, il est recommandé de proposer des pauses thérapeutiques entre les séquences de chimiothérapie afin de permettre une récupération.Depuis les années 2000 une nouvelle catégorie de traitement est venue en complément de la chirurgie et des chimiothérapies : les thérapies ciblées. Deux classes ont démontré un effet sur la survie sans progression et sur la survie globale en association avec les chimiothérapies classiques dans les CCRm (les anti-VEGF et les anti-EGFR). Ces thérapies sont moins susceptibles de générer des toxicités graves que la chimiothérapie et peuvent être utilisées en continu et donc lors des pauses thérapeutiques entre séquence de chimiothérapie (on parle de traitement d’entretien). Dans les CCRm, trois essais contrôlés randomisés ont évalué plus spécifiquement l’intérêt d’un anti-VEGF, le bévacizumab, lors des pauses thérapeutiques.Pour cette thèse, nous nous sommes intéressés à l’un de ces trois essais, l’essai PRODIGE 9, dont les résultats présentaient des discordances avec les deux autres études et pour qui plusieurs limites ont été mises en lumière : date de randomisation placée 6 mois avant le début de la stratégie à l’étude, faible divergence d’exposition au traitement entre les groupes (du fait du design et d’écarts au protocole), critère de jugement principal discutable. A travers une réanalyse systématique des différents composants de la relation entre l’exposition et le critère de jugement, nous avons utilisés différentes techniques permettant de limiter les problématiques identifiées.Une première réanalyse a eu pour objectif de s’interroger sur le choix du critère de jugement. Pour cette analyse notre choix s’est porté sur l’utilisation d’un modèle multi-états avec une structure permettant de correspondre au critère de jugement principal de PRODIGE9. Cette première analyse a permis de réconcilier les résultats observés dans PRODIGE 9 avec ceux des deux autres essais comparables. Dans un second temps, du fait d’un rapprochement artificiel des expositions entre les deux groupes de traitement pour l’ensemble des trois essais, nous avons exploré l’intérêt de mesures d’exposition au traitement autre que le groupe de randomisation. Dans cette seconde analyse, nous nous sommes heurtés à un biais de confusion, conséquence de la perte du bénéfice de la randomisation pour la plupart des mesures d’expositions testées. Cependant l’une des mesures explorées, l’exposition cumulée pondérée par le délai depuis l’administration du traitement (WCE) a abouti à des résultats comparables à ce qui avait été observé dans des études cherchant à évaluer l’effet du bévacizumab reçu concomitamment à une chimiothérapie. Pour essayer de lever les problèmes soulevés lors de cette deuxième analyse, nous nous sommes intéressés aux méthodes de prises en compte de la confusion issues du modèle contrefactuel et en particulier les modèles marginaux structuraux basés sur le modèle de Cox (MSM-Cox). Ceux-ci n’ont pas permis d’améliorer significativement les estimations pour les expositions apparemment biaisées, probablement du fait d’un défaut de prise en compte un biais d’indication. L’ensemble de ces réanalyses a été accompagnée d’une revue de la littérature visant à décrire et présenter les autres méthodes envisageables dans le contexte d’un essai en cancérologie.