L'œnotourisme en Bourgogne : images, patrimoines et identités professionnelles, un voyage aux multiples destinations
Auteur / Autrice : | Charles Rigaux |
Direction : | Florent Schepens |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 03/12/2021 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024) |
Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon) | |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Christophe Marcel |
Examinateurs / Examinatrices : Florent Schepens, Jean-Christophe Marcel, Charles Gadéa, Marco Alberio, Christian Guinchard, Françoise Sitnikoff | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Charles Gadéa, Marco Alberio |
Mots clés
Résumé
La production de vin est une activité ancienne, qui remonterait à plus de 7 000 ans. Déjà dans l’antiquité de nombreuses sculptures mettent en scène Dionysos, le dieu grec de la vigne, du vin et des excès. Dans le marché viticole mondial, la France tient une place particulière puisqu’elle est le deuxième producteur de vin et le premier pays exportateur. La Bourgogne est, quant à elle un territoire viticole à part en Europe et en France. Il s’agit d’un petit vignoble qui jouit pourtant d’une place importante dans la hiérarchie des réputations des territoires de vin, grâce à ses célèbres crus et son image prestigieuse.Depuis quelques années, on remarque le développement d’une nouvelle forme de tourisme lié au vin. L’œnotourisme comme on le nomme le plus souvent, regroupe l’ensemble des activités touristiques, culturelles et commerciales en lien avec le vin ou se déroulant sur un territoire viticole. Le tourisme vitivinicole se développe depuis la fin du XX° siècle en France et en Bourgogne mais il y prend racine bien avant. En partant des premières grandes crises viticoles du XIX° siècle (phylloxéra, maladies, crises de consommation et/ou production…), on perçoit les premiers signes d’une construction de l’imaginaire régional autour de la gastronomie et du vin, image qui jusqu’à présent n’y faisait pas ou peu référence. Puis, dans la première moitié du XX° siècle, alors que le phylloxéra et les maladies sont contrôlés, de nouveaux bouleversements viennent perturber le secteur. En réponse aux ventes difficiles, les acteurs prennent le pari de valoriser leur territoire à travers cette image d’une région conviviale, créant ou réhabilitant des fêtes, des évènements, des mises en scène. Le vin, son patrimoine, sa culture, son folklore, sont alors utilisés par les acteurs pour construire un monde social mis en scène, légitimé par des références au passé, à la tradition, à l’authenticité. Ce n’est pas encore de l’œnotourisme à proprement parler mais ce sont bien ces actions, placées dans un contexte particulier, qui sont à l’origine de l’image contemporaine d’un vignoble authentique et traditionnel, que les acteurs construisent comme garants de la qualité des vins. Dans la deuxième partie du XX° siècle, alors que le marché se mondialise, les vins dits des « nouveaux vignobles » font leur entrée. Les pays européens, producteurs historiques, gardent les places les plus valorisées mais voient l’écart se réduire avec les nouveaux vins. Ces derniers souffrent d’un déficit de réputation et les acteurs de ces derniers cherchent à se construire une image viticole. En créant des destinations touristiques centrées autour du vin, ces acteurs vont développer une image viticole pour ces vignobles et les placer comme de sérieux compétiteurs sur le marché mondial. Face à cette nouvelle concurrence, les pays européens, soucieux de préserver leur place dans la hiérarchie, vont eux aussi développer des activités touristiques à la fin du XX° siècle. L’œnotourisme est également un monde social à part entière, où des acteurs de divers groupes professionnels cohabitent, créent et entretiennent des liens d’interdépendance. Ces acteurs sont parfois issus de la viticulture mais sont aussi des professionnels du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration ou de nouveaux acteurs qui font leur apparition en même temps que l’œnotourisme.À travers l’analyse des réseaux et systèmes de relations, il est possible de comprendre les dynamiques des interactions entre acteurs et groupes tout en étudiant les discours par lesquels les compétences et valeurs de ces acteurs se placent comme éléments de reconnaissance des différents rôles sociaux. En identifiant plusieurs termes clés dans le discours des acteurs (l’authenticité, le patrimoine ou les compétences), nous pouvons analyser ces systèmes et comprendre comment fonctionnent les différents groupes professionnels qui s’investissent dans l’œnotourisme et comment ils se construisent une identité propre.