Thèse soutenue

Peuplement, paysages et pouvoirs médiévaux en contexte de moyenne montagne : les cas du sud Morvan et du Jura central
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Auteur / Autrice : Valentin Chevassu
Direction : Emilie GauthierPierre Nouvel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéologie
Date : Soutenance le 07/01/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Laboratoire chrono-environnement (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Pierre-Yves Laffont
Examinateurs / Examinatrices : Emilie Gauthier, Pierre Nouvel, Pierre-Yves Laffont, Didier Galop, Luc Bourgeois, Florent Hautefeuille
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Yves Laffont, Didier Galop

Résumé

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Les résultats de nombreuses analyses paléoenvironnementales et de plusieurs programmes de prospections archéologiques sont venus récemment renouveler notre compréhension des dynamiques d’occupation dans le Morvan et le Jura, deux massifs montagneux voisins et d’altitude moyenne. Ces informations peuvent être confrontées à un important corpus d’archives médiévales et modernes à partir desquelles l’historiographie régionale avait conclu à un peuplement tardif, en grande partie d’origine médiévale, dans des montagnes considérées comme répulsives. Ces jeux d’informations complémentaires et parfois contradictoires permettent donc de tenter une restitution pluridisciplinaire des processus d’anthropisation. Ils permettent également d’évaluer les éventuelles spécificités des dynamiques de peuplement au sein de deux massifs de moyenne montagne aux contraintes environnementales très différentes. L’utilisation de données pluridisciplinaires permet enfin une prise en compte plus large des liens entre évolutions paysagères, encadrement des territoires et formes de peuplement. Une confrontation approfondie des informations archéologiques, textuelles et paléoenvironnementales a été tentée grâce à la spatialisation systématique des informations et leur intégration à des cadres chronologiques communs. Les croisements révèlent un certain nombre de contradictions ou de hiatus qui permettent de mieux évaluer les limites du corpus. Une restitution plus complète des processus d’anthropisation devient ensuite possible.L’évolution appréhendée part d’une anthropisation très discrète ou méconnue à la fin de l’Antiquité au contexte de fort peuplement et de surexploitation du milieu atteint à la fin de l’époque moderne. Encore mal cernée, la transition entre Antiquité et haut Moyen Âge est caractérisée par un repli des occupations et de l’impact anthropique, très marqué dans le Jura, un peu moins en Morvan. L’anthropisation se développe progressivement durant le haut Moyen Âge, associée à des structures de peuplement et d’encadrement documentées de manière fragmentaire mais étendues sur les reliefs. Les XIe-XIIIe siècles constituent une phase de bouleversement documentaire accompagnée par l’installation de seigneuries ou de monastères au coeur des deux massifs. Le maillage seigneurial et paroissial semble toutefois se mettre en place de manière très contrastée. Une réorganisation du peuplement et des espaces agro-sylvo-pastoraux intervient par ailleurs dans le Jura, marqué par les défrichements, tandis que les évolutions paysagères paraissent restreintes en Morvan. Le Moyen Âge tardif apparaît comme une phase de repli ou de restructuration des entités politiques et des activités humaines. L’habitat rural est mieux documenté et montre diverses caractéristiques régionales. L’époque moderne constitue dans les deux massifs une dernière étape d’organisation des espaces de relief, avec l’implantation de nouveaux points de peuplement et de nouveaux découpages territoriaux. L’évolution des paysages est également marquée par le développement de spécialisations économiques distinctes liées notamment à l’exploitation des ressources herbagères et forestières. Les comparaisons entre piémont et reliefs ou d’un massif à l’autre permettent de souligner ou remettre en question les différences d’évolution liées à la moyenne montagne. Les formes d’occupation et d’organisation du territoire présentent en tout cas dans les deux régions des contrastes plus ou moins marqués entre zones basses et reliefs, lisibles notamment à travers les formes de l’habitat rural, la répartition des élites, la forme des réseaux d’encadrement seigneuriaux ou paroissiaux.