Thèse soutenue

Régulations saisonnière et olfactive de la reproduction chez le campagnol terrestre (Arvicola terrestris)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kévin Poissenot
Direction : Matthieu Keller
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé, Sciences Biologiques et Chimie du Vivant (Centre-Val de Loire ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Physiologie de la Reproduction et des Comportements (Tours)
Jury : Président / Présidente : Marlène Goubault-Body
Examinateurs / Examinatrices : Virginie Lattard, Patricia Nagnan-Le Meillour
Rapporteurs / Rapporteuses : Samuel Caro, Christophe Feron

Résumé

FR  |  
EN

Chez les mammifères, l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique (HHG) contrôle la fonction de reproduction. L'activité de l'axe HHG peut être modulé par différents facteurs externes à l'individus. En effet, les animaux vivant aux latitudes tempérées sont soumis des changements importants de leur environnement comme la durée du jour, la température ou les ressources alimentaires, au cours de l'année. En réponse à ces changements, de nombreuses espèces ont une activité sexuelle limitée à une période spécifique de l'année afin de synchroniser les naissances au moment le plus favorable. Les facteurs sociaux liés aux interactions que l'individu a tout au long de sa vie avec des congénères familiers ou étrangers jouent aussi un rôle important. Ainsi, chez de nombreux mammifères, et notamment les rongeurs, la communication olfactive est largement impliquée dans l'expression de comportements socio-sexuels. L'agressivité ou l'attraction du partenaire sexuel peuvent ainsi être déclenché par la détection de composés olfactifs, ou phéromones. L'objectif de ma thèse a donc été de caractériser l'implication des variations saisonnières de l'environnement et de l'olfaction dans la régulation de la fonction de reproduction chez l'écotype fouisseur du campagnol terrestre, Arvicola terrestris.Dans une première partie, nous avons étudié l'impact des variations environnementales sur la reproduction du campagnol terrestres. Pour cela, nous avons réalisé un suivi régulier de la physiologie du campagnol terrestre sur une période d'un an et demi. Ce suivi nous a montré l'existence d'un cycle annuel marqué de reproduction et de repos sexuel avec des femelles gestantes de février à octobre, et un arrêt de la reproduction en hiver. Ce cycle coïncide avec des régulations saisonnières le long de l'axe HHG chez les femelles et chez les mâles. Nous avons observé des changements saisonniers sur l'expression de deux neuropeptides hypothalamiques pouvant moduler l'activité de l'axe HHG : la kisspeptine et le RFRP3. Nous avons aussi observé des variations au niveau des glandes latérales (GL) sébacées sensibles aux stéroïdes sexuels, et enfin au niveau des organes reproducteurs. La photopériode est le principal indice environnemental utilisé par les espèces saisonnées pour synchroniser leur activité sexuelle. Nous avons évalué son implication, chez le campagnol terrestre, par une expérience mettant en œuvre des traitements photopériodiques artificiels sur des mâles hébergés en animalerie. Nous avons observé chez les mâles exposés à la photopériode longue, analogue aux conditions lumineuses estivales, une activité plus importante de l'axe reproducteur que chez ceux restés en photopériode courte, analogue aux conditions hivernales. Ces résultats soutiennent le caractère saisonné de la reproduction du campagnol terrestre. La photopériode est fortement impliquée dans les régulations de l'axe HHG. Cependant, l'impact de la photopériode pourrait être modulé par d'autres facteurs tels que la température ou les ressources alimentaires.Dans une seconde partie, nous avons étudié la communication olfactive du campagnol terrestre. Nous avons utilisé des tests de choix olfactifs pour évaluer les capacités de discrimination sexuelle de ces campagnols. La quantification des réponses d'investigation nous a indiqué que les campagnols sont capables de discriminer le sexe à partir de l'urine. Nous avons ensuite montré in vitro par imagerie calcique que les neurones du système olfactif principal et accessoire sont capables de répondre à une stimulation par des composés olfactifs volatils (COVs) retrouvés principalement chez le mâle. Enfin, lors de sessions de captures, nous avons évalué le pouvoir attractant de ces COVs via l'utilisation deux mélanges : le premier regroupant ceux identifiés dans l'urine et le second ceux provenant de sécrétions de GL. Ces tests de terrain, semblent montrer que les COVs de l'urine pourraient représenter un signal attractif pour les femelles campagnols.