Thèse soutenue

Vladimir Nabokov (1899-1977) : un art du portrait

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Auteur / Autrice : Ana Bumber
Direction : Didier Girard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue Vivante Anglais
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions Culturelles et Discursives
Jury : Président / Présidente : Anne Ullmo
Examinateurs / Examinatrices : Yannicke Chupin, Monica Manolescu
Rapporteurs / Rapporteuses : Tatiana Victoroff, Benoît Tadié

Résumé

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La passion académique pour Vladimir Nabokov et son œuvre fictionnelle ne faiblit pas et pourtant son art du portrait demeure un sujet inexploré par la critique contemporaine dédiée à ce romancier de renom mondial. Bien que Gavriel Shapiro et Gerard de Vries ont fourni une remarquable recherche ces dernières décennies sur le rôle des arts visuels dans ses romans, il paraît que ce manque de recherche soit le fait d'un désintérêt pour le portrait en littérature en tant que sujet en soi. Défini selon Gérard Genette tout au plus comme une description ou du moins, sa partie la plus attachante, le portrait semble devenir désuet alors qu'au cours du même siècle Nabokov s'affirme en tant que romancier de renom mondial qui brosse à contre-courant, page après page, sa vaste galerie de portraits. Les fait que les courants artistiques ont une si grande influence sur le portrait littéraire depuis l'Antiquité peut être l'une des raisons de ce décalage. Nous savons que Nabokov n'était pas amateur des mouvements et des idéologies, et selon notre hypothèse, la raison pour cela peut être le fait qu'il a été témoin de l'émergence de l'art abstrait russe qui allait de pair avec la Révolution de 1917. Comme nous le savons, le portrait dans l'art abstractionniste et révolutionnaire disparaît du premier plan et du paysage artistique russe à l'aune de la Révolution Russe, qui coïncide avec l'exil de Nabokov. Plus précisément, c'est la figure qui n'est plus représentée en peinture et celle-ci inclut la figure du portrait, son sujet et son objet, l'individu. Par conséquent, les personnes qui étaient d'ordinaire les modèles des portraits, à savoir les riches aristocrates, comme c'était le cas de la famille Nabokov, se sont retrouvées exclues de leur patrie et de leurs traditions artistiques au début de 1917. À cause de l'art abstrait et du nouveau régime, les représentations des personnes comme Nabokov se sont retrouvées éliminées de l'art. Étant donné que le portrait a endossé de nombreuses fonctions depuis l'Antiquité, connues d'une personne cultivée comme Nabokov, notre but était de montrer que les réflexions de Nabokov au sujet du portrait, ainsi que l'exploration de celui-ci, sont tissées dans son approche artistique globale et étroitement liées à sa vision du vingtième siècle. Ainsi, le portrait ne saurait être réduit à un simple ornement de sa prose ou à un outil littéraire dont l'unique but serait de s'adonner au plaisir de décrire de belles jeunes filles. Par conséquent, notre travail continue sur les traces de Gavriel Shapiro et de Gerard de Vries qui ont donné un aperçu de l'éducation précoce de Nabokov en matière de l'art. Afin d'étayer nos arguments, notre corpus est composé de l'intégralité de ses dix-neuf romans publiés à ce jour. L'originalité de notre approche se trouve dans notre emploi des outils rhétoriques empruntés à la fois à la littérature et aux arts visuels qui vont nous permettre de conceptualiser son art du portrait à l'intersection de plusieurs formes artistiques en nous appuyant notamment sur les travaux de Georges Didi-Huberman, Jean-Luc Nancy, Gérard Genette, et Aristote, entre autres. En plus, les portraits nabokoviens qui détonnent au vingtième siècle pourront nous fournir une meilleure vision et une possible solution quant à la classification de son œuvre qui est toujours fréquemment discutée.