Évaluation du risque de transmission iatrogène des maladies à prions
Auteur / Autrice : | Alvina Huor |
Direction : | Olivier Andréoletti, Jean-Yves Douet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biotechnologies |
Date : | Soutenance le 08/12/2021 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Interactions Hôtes - Agents Pathogènes (Toulouse ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Eric Oswald |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Andréoletti, Jean-Yves Douet, Eric Oswald, Cécile Voisset, Sylvain Lehmann, Vincent Béringue, Patrice Péran, Thierry Baron | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Voisset, Sylvain Lehmann |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les Encéphalopathies Spongiformes Transmissibles (EST ou maladies à Prions) sont des maladies neurodégénératives fatales caractérisées par l'accumulation d'un conformère anormal (PrPSc) d'une protéine de l'hôte (PrP). Chez chacune des espèces affectées, les prions présentent une diversité biologique (souches) à laquelle sont associées des caractéristiques phénotypiques et des capacités à se propager à des espèces hétérologues différentes. De manière assez surprenante, les propriétés biologiques des souches de prion semblent capables d'évoluer spontanément ou au gré du franchissement de barrières d'espèces (transmission entre un donneur et un receveur d'espèces hétérologues). Dans une perspective de santé publique, les risques sanitaires associés aux agents des ESTs peuvent être rangés dans deux catégories (i) Le franchissement de barrière de transmission ; c'est-à-dire la capacité potentielle ou avérée d'une souche prion circulant chez une espèce donnée à se propager (dans des conditions naturelles ou accidentelles d'exposition) à un hôte appartenant à une espèce hétérologue. L'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) constitue l'exemple le plus emblématique de ce risque ; l'exposition alimentaire de l'Homme à des bovins contaminés par l'ESB étant responsable de l'émergence du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. (ii) Le risque de transmission iatrogène ; c'est-à-dire la transmission accidentelle d'une maladie à Prions consécutive à une procédure médicale. Chez l'Homme, plusieurs centaines de cas de transmission iatrogène de MCJ ont été identifiés. Les risques de transmission iatrogène semblent dépendre de la nature des souches de prion et de la distribution de l'infectiosité dans l'organisme des patients atteints ou en incubation de la maladie (tissus périphériques et fluides corporels). Dans ce travail, nous avons caractérisé la perméabilité de diverses 'barrières d'espèces' d'intérêt (potentiel zoonotique ou transmission à des espèces d'animaux de rente) relatives aux souches de prion responsables de formes atypiques de l'ESB (ESB-L et ESB-H) ou de tremblante (Nor98). Nous avons mis en évidence une plasticité, jusqu'alors insoupçonnée, des propriétés biologiques de ces agents et documenté leur capacité à générer, au gré de leur propagation, des prions capables de franchir la barrière d'espèce humaine. En parallèle, nous nous sommes intéressés à la diversité des souches de prion responsables des formes sporadiques ou iatrogènes de MCJ chez l'Homme avant d'en caractériser la distribution (et les quantités d'infectiosité) dans les tissus périphériques de patients atteints de vMCJ et sMCJ. Les résultats obtenus contredisent l'idée selon laquelle, les prions responsables de sMCJ restent limités au système nerveux central ; une hypothèse qui a conduit les évaluateurs de risques à considérer que les fluides biologiques (sang, urine) et les tissus périphériques humains présentaient un risque faible ou négligeable de transmettre cette maladie. Nos résultats contribuent à documenter les risques sanitaires associés aux prions animaux et humains. Ils sont susceptibles d'aider les agences de santé à adapter les mesures actuellement déployées pour prévenir les risques de transmission des ESTs animales et humaines.