Escherichia coli et infection urinaire du chien et du chat : expression clinique, facteurs de virulence, antibiorésistance et développement d'un moyen de lutte alternatif aux antibiotiques
Auteur / Autrice : | Nicolas Jousserand |
Direction : | Eric Oswald, Rachel Lavoué |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiopathologie |
Date : | Soutenance le 01/06/2021 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Luc Cadoré |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luis Bermudez, Marisa Haenni |
Résumé
L’infection bactérienne du tractus urinaire symptomatique (ITU) est une infection commune à la fois de l’homme, du chien et du chat. La bactériurie asymptomatique (BUA), est un phénomène connu en médecine humaine, mais peu décrite chez le chien et le chat. Escherichia coli (E. coli) est responsable de la majorité des bactériuries de l’humain, du chien et du chat et de nombreux éléments plaident pour une communauté de E. coli partagée entre ces différentes espèces, notamment au sein du tube digestif. L’émergence de bactéries multirésistantes aux antibiotiques, notamment lors de BUA, incite au développement de thérapeutiques alternatives. Les objectifs de ce travail ont été de décrire et comparer les populations de chiens et chats affectés par une ITU ou une BUA et d’en déterminer les facteurs de risque, de caractériser les souches de E. coli associées à ces présentations cliniques, de comparer ces résultats à l’homme, et enfin de participer au développement d’une stratégie alternative aux antibiotiques pour limiter le portage intestinal. À partir d’une population de chiens et de chats, nous avons déterminé que l’âge, l’exposition aux antibiotiques, le sondage urinaire chez le chien, l’appartenance à certaines races et le sondage urinaire chez le chat étaient des facteurs de risque de présenter une bactériurie significative. Chez le chien l’âge, un sondage urinaire récent ou une hospitalisation récente, le genre et la charge bactériens, tandis que l’âge et le fait d’être en surpoids chez le chat ont été identifies comme facteurs de risque de développer une ITU. Une plage nitrite positive à la bandelette urinaire chez le chien et un score de 3+ de protéines chez le chat ont affiché la meilleure valeur prédictive positive du résultat de la culture urinaire. L’absence de visualisation de bactéries à l’examen du culot est associée à la meilleure valeur prédictive négative. Ces résultats permettent de systématiquement recommander la réalisation d’une analyse d’urine pour prédire une culture positive et pour orienter le clinicien lors d’une éventuelle prescription d’antibiotiques. Nous avons décrit les souches de E. coli isolées lors d’ITU et de BUA chez le chien et le chat. Nous avons identifié́ parmi les isolats responsables d’ITU chez le chat, une prévalence plus importante des gènes codant pour les fimbriae F1C/S, les microcines et la colibactine. Chez le chien, les gènes codant pour l’aérobactine ou les fimbriae UCL sont plus souvent retrouvés lors d’ITU, et ceux codant pour la colibactine dans les isolats responsables de BUA. L’identification de ces marqueurs pourrait permettre de prédire l’expression clinique d’une colonisation des voies urinaires, et le développement de stratégies thérapeutiques ciblées (vaccins ou antimicrobiens). Ces souches ont un catalogue de gènes de virulence commun aux souches humaines, avec néanmoins des différences de prévalence pour certains marqueurs de virulence et de résistance aux antibiotiques. Nous avons développé une stratégie probiotique pour limiter le portage intestinal des souches de E. coli responsable d’infection urinaire et multirésistantes aux antibiotiques en utilisant la souche E. coli Nissle 1917 (EcN). Cette souche produit des peptides antimicrobiens, les microcines. Cependant, EcN synthétise aussi la colibactine, une génotoxine possiblement cancérigène.