Thèse soutenue

La conservation des espèces de bouquetins (Capra ibex et Capra pyrenaica) en France : apport des données de suivi de populations réintroduites et installées

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Auteur / Autrice : Alexandre Garnier
Direction : Stéphane AulagnierGeorges Gonzalez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie, biodiversité et évolution
Date : Soutenance le 26/03/2021
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Comportement et Ecologie de la Faune Sauvage (Castanet-Tolosan)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Odile Petit, Mathieu Garel
Rapporteurs / Rapporteuses : François Sarrazin, Anne Loison

Résumé

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Dans le contexte actuel de changements globaux, la chute de biodiversité s'accroît à une vitesse considérable. Les translocations de conservation sont devenues un outil important pour restaurer des populations animales ou végétales menacées d'extinction ou éteintes. Parmi elles, les réintroductions consistent à rétablir une espèce dans son aire de répartition originelle ou à renforcer des populations existantes. Améliorer les connaissances sur la biologie des populations issues de ces réintroductions contribue non seulement à l'écologie fondamentale, mais permet aussi d'évaluer les actions de conservation et d'orienter les stratégies. Nous avons choisi d'étudier deux aspects de la biologie des espèces de bouquetins présentes en France en nous intéressant d'une part à l'écologie comportementale d'individus de bouquetins ibériques (Capra pyrenaica) juste après leur réintroduction dans les Pyrénées d'où l'espèce avait complètement disparu, et d'autre part à la dynamique de populations anciennes de bouquetins des Alpes (Capra ibex). L'analyse de la dispersion post-lâcher a montré que les mâles en âge de se reproduire sont ceux qui explorent le plus loin, que la présence de congénères sur le site de lâcher diminue la dispersion des individus, et qu'il est important d'effectuer les réintroductions au printemps. La comparaison de la fidélité spatiale d'individus dans les premiers temps après leur réintroduction avec celle d'individus de populations anciennes a permis de mettre en évidence une émergence plus rapide de cette fidélité chez les femelles, avec un effet positif des individus déjà présents sur le site de lâcher, alors que les mâles se stabilisent plus lentement. Dans les populations anciennes, la fidélité spatiale a une saisonnalité marquée, révélant comment la familiarité des individus avec leur habitat en été leur permet d'utiliser au mieux les ressources pendant cette période-clé. Grâce à des suivis individuels d'animaux marqués durant une vingtaine d'années, nous avons identifié les facteurs influençant le recrutement et la survie saisonnière de populations anciennes. Nous montrons que les coûts de la reproduction sur la reproduction suivante sont faibles quand on prend en compte l'hétérogénéité individuelle des femelles, mais que des conditions environnementales extrêmes entrainent des coûts élevés sur leur survie, et contribuent probablement à conserver une diversité de stratégies de reproduction dans la population. Aucune des saisons ne concentre la mortalité annuelle. Cependant, les variables climatiques affectent directement la survie saisonnière des deux sexes dans toutes les classes d'âge, même si les mâles semblent mieux amortir les mauvaises conditions hivernales. Les conditions printanières, à travers la phénologie de la végétation, ont aussi un effet indirect sur les variations des survies saisonnières. Les changements de conditions environnementales, et notamment climatiques, pourraient donc avoir des conséquences importantes sur les variations de taille des populations. Les acteurs de la conservation pourront s'appuyer sur nos résultats et propositions pour améliorer la gestion de ces espèces.