Thèse soutenue

Impact économique des prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées chez les patients âgés

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Auteur / Autrice : Arnaud Pages
Direction : Laurent MolinierBlandine Juillard-Condat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 31/05/2021
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mathématiques, informatique et télécommunications (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Epidémiologie et de Recherche en santé des Populations de Toulouse (2021-....)

Résumé

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Les sujets âgés, souvent polypathologiques et polymédiqués, sont particulièrement à risque de mésusage des médicaments. Le mésusage constitue une utilisation inappropriée du médicament que l'on peut classer en 3 grands types: la surprescription ou ''overuse'', la sous prescription ou ''underuse'', le mauvais usage ou ''misuse''. Plusieurs outils ont été développés pour faciliter l'identification des prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées (PMPI) chez les patients âgés. Certains de ces outils ont été codés sous forme d'algorithmes informatiques afin de faciliter et d'accélérer la détection des PMPI. Des travaux récents ont mis en évidence chez le sujet âgé une association entre les prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées (PMPI) et le risque d'effets indésirables et d'hospitalisations. On peut donc faire l'hypothèse que l'exposition aux PMPI, au-delà du surcoût médicamenteux qu'elle engendre en cas de surprescription, pourrait aussi induire un coût de santé supplémentaire en lien avec son potentiel iatrogène. En conséquence, l'objectif principal de ce travail de thèse est de déterminer l'impact économique des prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées chez les patients âgés. Une étude de faisabilité a d'abord été réalisée sur une base de données hospitalière française en vue d'identifier les outils de détection des PMPI les plus appropriés, et d'observer l'association entre l'exposition aux PMPI et les coûts médicamenteux. Ensuite nous avons poursuivi les analyses sur la base de données longitudinales de l'étude MAPT (Multidomain Alzheimer's Preventive Trial), qui contient des données cliniques, médicamenteuses et économiques sur plus 1500 patients âgés ambulatoires suivis tous les 6 mois pendant 3 ans. Un algorithme informatique a été construit pour détecter les PMPI dans cette base, qui contenait plus de 9000 ordonnances médicamenteuses. Il s'appuie sur différentes sources. L'algorithme informatique a généré pour chaque prescription médicamenteuse un nombre de non-conformités liées aux médicaments (NCM). Une prescription médicamenteuse était considérée comme potentiellement inappropriée (PMPI) si elle comprenait au moins 1 NCM. Les patients ont été divisés en 4 groupes selon la prescription de médicaments: 1 groupe avec une prescription médicamenteuse appropriée (0 NCM), 3 groupes avec une PMPI (1 groupe avec 1 ou 2 NCM, 1 groupe avec 3 ou 4 NCM et 1 groupe avec 5 NCM et plus). Les données de prescription ont été croisées avec les données économiques. L'analyse économique a été réalisée du point de vue de l'Assurance Maladie française, et avec un horizon temporel de 3 ans. L'algorithme informatique a analysé chaque prescription de médicaments pour les patients inclus (N=1525 âgés de 75,3±4,4 ans ; 64% de femmes (N=978)). A l'inclusion, 81,2 % des patients avaient une PMPI (N=1238). La PMPI, la fragilité (selon phénotype de Fried), un indice de comorbidité Charlson élevé étaient associés à une augmentation du coût total de santé et du coût de santé hors médicaments, après ajustement par des facteurs de confusion potentiels. Le coût différentiel moyen de santé ajusté par an et par patient était de 550 € pour les patients avec 1 ou 2 NCM, de 934 € pour les patients avec 3 ou 4 NCM et de 1672 € pour les patients avec 5 NCM ou plus (par rapport aux patients avec une prescription médicamenteuse appropriée). On constate donc une tendance à l'augmentation du coût de santé avec l'augmentation du nombre de NCM. Ces résultats nous portent à croire que des études interventionnelles centrées sur la réduction des PMPI tant à l'hôpital qu'en soins primaires seraient de nature à entrainer des économies, et que de telles interventions pourraient de ce fait apparaitre comme coût-efficaces.