Thèse soutenue

Sociologie de l'information marchande à l'heure des technologies numériques

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Auteur / Autrice : Bastien Soutjis
Direction : Franck Cochoy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 13/01/2021
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Béatrice Milard
Examinateurs / Examinatrices : Franck Cochoy, Sophie Dubuisson-Quellier, Ronan Le Velly, Alexandre Mallard
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Dubuisson-Quellier, Ronan Le Velly

Résumé

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Cette thèse s’intéresse au développement de technologies numériques dédiées à l’information du consommateur sur les produits alimentaires et de grande consommation et aux enjeux de gestion et d’ouverture des données qui les sous-tendent. Ces technologies (e.g. applications mobiles, sites de e-commerce, outils d’échange de données, etc.) sont associées à de nombreuses promesses en termes d’information du consommateur. En particulier, plusieurs acteurs (des industriels, des distributeurs, des représentants des pouvoirs publics, des chercheurs, des développeurs d’applications mobiles) affirment dès le début des années 2010 que la « dématérialisation de l’information sur les produits » devrait accroître la transparence et permettre aux consommateurs de mieux connaître leur alimentation grâce à une information plus exhaustive, plus lisible et possiblement personnalisée. Cette thèse se propose de porter un regard critique et empirique sur ces promesses. Il s’agit de mettre en évidence l’ampleur des infrastructures techniques, des controverses et des rapports de force qui sous-tendent cette notion de dématérialisation de l’information-produit ainsi que la pluralité des intérêts et des visions du monde qui s’affrontent derrière cette désignation. Trois terrains ont fait l’objet d’une enquête en ce sens : nous avons tout d’abord enquêté sur les systèmes conçus au sein d’un organisme nommé GS1 et utilisés par l’industrie et le commerce pour échanger des données sur les produits alimentaires. Nous avons étudié l’histoire de ces systèmes, les données qu’ils permettent de faire circuler, leurs évolutions et les enjeux actuels autour de l’ouverture de certaines de ces données à des acteurs tiers. Notre deuxième terrain concerne une base de données militante et des applications mobiles qui proposent aux consommateurs des informations complémentaires à celles étiquetées sur les emballages en leur permettant de scanner les codes-barres des produits. Notre troisième terrain, finalement, concerne l’élaboration d’une loi états-unienne controversée au sujet de l’utilisation d’un QR code pour divulguer la présence d’OGM dans les produits alimentaires en lieu et place d’une mention étiquetée sur les emballages.À travers la restitution de nos résultats, nous essayons de contribuer à la sociologie des marchés de trois manières. Premièrement, nous décrivons comment les acteurs du marché renégocient les asymétries informationnelles sur le marché des produits alimentaires et de grande consommation dans un contexte marqué par le développement des technologies numériques. Deuxièmement, et dans le sillage de l’économie des qualités, nous analysons comment ces acteurs renégocient leurs capacités et leurs droits respectifs à qualifier les produits et à parler en leur nom au consommateur dans ce même contexte. Troisièmement, nous jetons un pont entre les travaux sur l’économie des qualités et les Infrastructure Studies en mettant au jour l’ampleur des standards et des dispositifs techniques qui sous-tendent, en coulisses du marché, la qualification des produits sur la scène marchande.