La dynamique psychique des patients dialysés chroniques face à la rédaction des directives anticipées
Auteur / Autrice : | Salma Amamou |
Direction : | Marie-Frédérique Bacqué |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 17/12/2021 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Subjectivité, lien social et modernité (Strasbourg ; 1999-...) |
Jury : | Président / Présidente : Joëlle Lighezzolo |
Examinateurs / Examinatrices : Claire Metz | |
Rapporteur / Rapporteuse : Joëlle Lighezzolo, Emmanuel Hirsch |
Mots clés
Résumé
Objectif : l’outil que constituent les Directives anticipées (DA), a été mis à la disposition des citoyens français par la loi Leonetti de 2005 . Cet outil est porteur d’une dimension éthique forte relative au droit d’autonomie du citoyen en situation de fin de vie. En revanche, le manque d’engouement des personnels soignants autant que des patients pour les DA questionne. L’objectif de notre recherche est de comprendre la dynamique psychique des patients dialysés chroniques face à la rédaction des DA afin de déterminer les réels enjeux du refus de les investir. Méthodologie : notre population d’étude inclut 15 patients dialysés chroniques qui ont reçu une information préalable sur les DA après une démarche de sensibilisation et d’aide à leur rédaction. Parmi eux, 6 ont rédigé leurs DA et 9 ont choisi de ne pas les rédiger. Les entretiens comprennent deux temps : d’abord non directif mitigé puis structuré multi registres. Les données ont été recueillies en un seul entretien pour chaque patient. Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits et analysés avec deux méthodes principales : projective (TAT) et thématique. La dépression et l’anxiété ont été évaluées avec l’auto-questionnaire HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale) à la fin de l’entretien. Résultats : l’importance des défenses mentales retrouvées n’est pas influencée par la rédaction ou non des DA. Les procédés de type A et C (contrôle et inhibition) sont les plus nombreux dans les discours, avec une prédominance de procédés de type C chez les patients qui n’ont pas rédigé leurs DA. Ceci témoigne principalement de l’évitement de l’objet DA, identifié comme source de conflit intrapsychique et d’angoisse dans les deux catégories de patients. - l’anxiété générée par les DA n’a pas été retrouvée dans les résultats à l’HADS chez les patients ayant rédigé leurs DA ; ce qui rend compte de la limite de l’échelle.- des DA remplies à moitié ou encore exprimant juste le refus d’acharnement thérapeutique, témoignent bien de leur investissement partiel. Ceci rejoint les données de la littérature.- les patients qui ont rédigé leurs DA ont affirmé ne plus se rappeler de leur contenu. Ceci confirme davantage l’investissement partiel des DA mais explique aussi les mécanismes défensifs de type A et C retrouvés chez les deux catégories de patients - les principales thématiques retrouvées chez les patients n’ayant pas rédigé leurs DA sont la temporalité et l’incertitude décisionnelle, à nouveau nous confirmons les données de la littérature. Parmi ces patients, certains ont exprimé ne pas se sentir malades, justifiant ainsi leur choix de ne pas rédiger de DA. - l’intégration de la machine de dialyse comme une partie de soi peut constituer un frein à la rédaction des DA. En effet, l’arrêt de la dialyse est alors assimilé à une euthanasie. La simple annonce du choix du moment opportun relatif à la discussion sur les DA peut même sonner comme le glas d’une mort imminente. L’angoisse de mort réactivée par la rédaction des DA est présente dans les deux catégories de patients. Conclusion : la rédaction des DA peut représenter une menace psychique dès l’annonce de leur potentielle utilisation. En sonnant le glas d’une mort imminente elle peut entraîner une détresse psychologique chez une majorité de malades insuffisants rénaux chroniques dialysés.