La fabrique des ‘mineurs isolés’ : comparaison franco-allemande des processus décisionnels aux guichets de la protection de l’enfance
Auteur / Autrice : | Hannes Käckmeister |
Direction : | Valérie Lozac'h, Albert Scherr |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 20/05/2021 |
Etablissement(s) : | Strasbourg en cotutelle avec Pädagogische Hochschule (Fribourg-en-Brisgau, Allemagne) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg ; 2013-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jay Rowell |
Rapporteur / Rapporteuse : Daniel Gredig, Nikola Tietze |
Mots clés
Résumé
Cette étude sociologique porte sur le processus d’évaluation de l’âge de jeunes migrants se déclarant « mineurs isolés ». Au prisme d’une analyse comparative, on analyse les dynamiques d’interaction, les critères de sélection et les pratiques de travail dans deux services de protection de l’enfance, en France et en Allemagne. L’enquête de terrain en leur sein montre que la distinction entre minorité et majorité est souvent difficile à établir : cadre juridique peu formalisé, caractère approximatif de la décision et communication stratégique – conférant un pouvoir discrétionnaire considérable aux travailleurs sociaux. Les processus décisionnels s’avèrent ainsi perméables à des facteurs extérieurs et aux convictions intimes des évaluateurs, rendant visible le rapport conflictuel entre contrôle migratoire et protection de l’enfance – et les injonctions paradoxales qui en découlent dans l’interaction. Face à ces injonctions, les travailleurs sociaux développent des pratiques et justifications qui mettent en évidence des différences entre la France et l’Allemagne. Un des intérêts centraux de la thèse, tant sur le plan épistémologique que théorique, est d’inverser et de croiser les perspectives, permettant d’observer les interactions à travers le prisme de la parole des « usagers », et d’ajouter à l’étude « classique » des agents au guichet (Lipsky, 1980) une dimension intersubjective. Celle-ci permet de saisir la catégorisation non pas comme un processus formel et linéaire, mais comme une co-construction à laquelle participent travailleurs sociaux, mais aussi interprètes et jeunes migrants de façon active et créative.