Les textures d'un geste commun. Les arpilleras chiliennes sous la dictature de Pinochet. Le cas de la Collection Geneviève Jacques (1975-1979)
Auteur / Autrice : | Marina Vinyes Albes |
Direction : | Nancy Berthier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études romanes espagnoles |
Date : | Soutenance le 15/12/2021 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains (Paris ; 1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Vicente Sánchez-Biosca |
Examinateurs / Examinatrices : Fina Birulés, Marta Marín-Dòmine | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Vicente Sánchez-Biosca, Azun Candina |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Peu après le coup d’État d’Augusto Pinochet au Chili en 1973, des groupes semi-clandestins de femmes ont commencé à s’organiser dans la ville de Santiago et ses banlieues, se réunissant pour fabriquer des arpilleras sous les auspices du Comité Pro Paz et de la Vicaría de la Solidaridad. Il s’agissait de tableaux textiles réalisés en assemblant des chutes de tissus et d’autres matériaux de récupération pour créer une scène figurative. Membres de l’Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos ou habitants des bidonvilles, les arpilleristas ont articulé leurs expériences sous la forme d’un récit visuel et tactile signifiant diffusé à l’étranger grâce à la coopération des organisations solidaires. Avec leurs revenus, elles ont pu satisfaire les besoins fondamentaux de familles fortement touchées par la disparition forcée, les exécutions, l’exil ou le chômage. À partir des 32 œuvres rassemblées dans la Collection Geneviève Jacques (1975-1979), cette étude entend examiner la réalisation d’arpilleras sous la dictature dans sa dimension inaugurale comme le commencement d’une forme esthétique et politique nouvelle et la naissance d’une subjectivité dans le cadre d’une communauté plurielle. Cela mettra en évidence la puissance des gestes créatifs en tant que gestes de subjectivation : un devenir autre des créatrices et sa façon d’être dans le monde. Les tapisseries ici analysées offrent une vision de l’histoire récente du pays d’un point de vue traditionnellement marginalisé, mais elles constituent surtout le témoignage d’une prise de parole qui a inscrit la voix des femmes dans l’espace commun en les positionnant en tant que sujets de langage et d’initiative.