Étude d'un atelier d’apprentissage du français par un public d’adultes « issus de la migration » dans un milieu associatif bénévole. Une mise en perspective des objectifs, besoins et modalités d'intervention des bénévoles et des apprenant.e.s par le détour d'une expérienciation d'approches plurilingues et interculturelles
Auteur / Autrice : | Ruba Al Ahmad |
Direction : | Philippe Blanchet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociolinguistique |
Date : | Soutenance le 16/11/2021 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Plurilinguismes, représentations, expressions francophones, informations, communication, sociolinguistique (Rennes ; ....-2012) |
Laboratoire : Pôle de Recherche Francophonies- Interculturel- Communication- Sociolinguistique / PREFICS EA 7469 | |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Forlot |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Clerc Conan, Marielle Rispail | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Forlot, Marine Totozani |
Résumé
Cette recherche porte sur l'enseignement et l’apprentissage (E-A) du français par un public d’adultes « issus de la migration » dans un milieu associatif en France. Des difficultés d’apprentissage et de progression sont régulièrement constatées dans les ateliers proposés, qui sont animés par des bénévoles. Ces derniers ne sont ni formés, ni sensibilisés à la compréhension et à la gestion de la pluralité linguistique de leur public. Dans l’objectif d’offrir une meilleure compréhension des difficultés d'apprentissage du français et d’envisager une intervention didactique dans ce contexte, j’ai analysé les représentations relatives aux langues et aux cultures chez les apprenants et chez les bénévoles. J’ai examiné le rôle que pouvaient jouer ces représentations sur le processus d’EA. Ma recherche s’est également penchée sur les processus d’identification chez les apprenants et a cherché à déceler des signes éventuels d’insécurité linguistique dans leurs discours métalinguistiques, afin d’étudier l’impact de cette insécurité linguistique et/ou identitaire sur leur apprentissage du français. La méthode a consisté en une observation participante suivie d’entretiens semi-directifs et d’une expérienciation didactique. Dans une perspective d’intervention, la thèse vise également à construire des outils pédagogiques fondés sur des approches plurielles des langues et des cultures. Le but est de développer des compétences et des stratégies d’apprentissage chez les apprenants pour faciliter l’appropriation du français, à travers des activités impliquant et légitimant leurs langues et leurs cultures. L'analyse révèle des représentations sociolinguistiques qui freinent l’apprentissage du français ainsi que des situations d’insécurité linguistique et/ou identitaire chez les apprenants. Les apprenants qui ont un discours révélant des tensions, des contradictions et des processus identitaires difficiles, ont montré des indices d’insécurité linguistique et confirmé avoir des difficultés d’apprentissage du français. En ce qui concerne les bénévoles, mes enquêtes et mon analyse ont montré qu’ils ont des représentations sociolinguistiques plutôt défavorables de l’E-A plurilingue et du développement d’une compétence interculturelle, plurilingue et pluriculturelle chez leur public d’apprenants. L’intervention didactique proposée a révélé l’existence d’une forte résistance aux changements pédagogiques chez les bénévoles et d’une certaine résistance de la part des apprenants, à l’idée d’impliquer leurs langues et leurs cultures dans le processus d’E-A. La conclusion montre que les conditions nécessaires pour la mise en oeuvre d'activités plurielles ne sont pas encore réunies dans ce contexte.