Formes de l'événement dans l'art actuel : situations de présence et devenirs de la subjectivité
Auteur / Autrice : | Raphaële Jeune |
Direction : | Pierre-Henry Frangne |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Esthétique |
Date : | Soutenance le 17/09/2021 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Cassou-Noguès |
Examinateurs / Examinatrices : Janig Bégoc | |
Rapporteur / Rapporteuse : Yves Citton, Joëlle Zask |
Mots clés
Résumé
Des œuvres d'art récentes proposent au spectateur d'éprouver une certaine présence. Ces « situations de présence » l'incluent dans un espace-temps qui intensifie son expérience de soi. Différentes modalités sont possibles : certaines lui renvoient son reflet, défient sa position de visiteur ou le placent dans une dialectique de sujet/objet. D'autres l'invitent à lâcher-prise, à ralentir, pour se raccorder au préconscient dans sa dynamique émergente. D'autres enfin créent une communauté qui, par la seule coprésence ici et maintenant de ses membres, œuvre à sa constante réinvention. Toutes fondent une réceptivité à ce qui vient qui n'est pas passivité, mais suspension des habitudes, accueil et créativité, une épochè. L'hypothèse avancée est qu'au cœur de ces situations vécues au présent, il y a de l'événement, c'est-à-dire de l'irruptif, de l'indéterminé, du précaire, du nouveau. Mais il y a surtout, par cette événementialité même, un devenir impersonnel qui pose la question du sujet. Ainsi, ces situations montrent que l'événement n'est pas la forme de l'œuvre, mais le sujet qui la vit. À travers elles, ce travail est d'abord une enquête sur le sujet humain aujourd'hui, pris entre sa fragilité et sa précarité : fragile par son obsolescence et la menace de sa disparition ; précaire comme être en devenir, instable, changeant, par quoi il peut inventer une nouvelle manière d'être présent au monde. Cette présence ne pourra se faire sans un nouveau partage avec d'autres modes d'existence, biotiques et a-biotiques. Une écologie de la présence est donc à construire, à partir d'un maillage où tout intra-agit. Le sujet pourrait n'être alors que l'événement de cette continuelle intra-action, signe de l'infinie créativité du monde.