Thèse soutenue

Configurations électriques, inégalités d’accès et pratiques citadines à Ibadan (Nigéria) et à Cotonou (Bénin)

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Auteur / Autrice : Mélanie Rateau
Direction : Sylvy Jaglin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 24/09/2021
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis) - Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Sylvy Jaglin, Franck Scherrer, Marie-Hélène Zérah, Armelle Choplin, Eric Verdeil
Rapporteurs / Rapporteuses : Franck Scherrer, Marie-Hélène Zérah

Résumé

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L’accès à l’électricité est un enjeu crucial dans les villes du Sud. Alors que la demande augmente, les réseaux conventionnels sont défaillants, insuffisants et parfois absents, en particulier en Afrique subsaharienne. Pour satisfaire leurs différents besoins, les citadins se tournent alors vers d’autres solutions, donnant lieu à divers assemblages sociotechniques qui varient selon la ville, le quartier, le ménage en fonction des conditions de (dys)fonctionnement du service en réseau et des modalités d’appropriation des technologies disponibles localement. À l’échelle de chaque ville, il en résulte une configuration électrique urbaine perpétuellement remodelée par les interactions de ses parties constituantes et ce, en symbiose avec l’environnement urbain. Empruntant ses cadres théoriques aux études des sciences et technologies et aux sciences sociales, la recherche vise à comprendre la stabilité dynamique des configurations et les implications de leur transition incrémentale sur le fonctionnement urbain, notamment en termes d’inégalités socio-spatiales. Dans une démarche comparative multiscalaire, un travail empirique étendu a été réalisé en 2017 et 2018 auprès de 160 ménages sur une sélection de quartiers reflétant la diversité urbaine à Ibadan au Nigéria et Cotonou au Bénin. La cartographie, au cœur de l’analyse, révèle la distribution et la diversité des accommodements entre assemblages sociotechniques, inégalités d’accès et intégration urbaine différenciée. La recherche démontre que les pratiques citadines, à la fois ouvertes à toutes nouvelles opportunités de bricolage, contraintes par les mécanismes d’accès mobilisables individuellement et modelées par des rapports de pouvoir, stabilisent des régimes d’accès à l’électricité et alimentent des processus de transition par hybridation extrêmement sensibles aux dynamiques politico-institutionnelles multiniveaux, aux différentes filières de la mondialisation marchande et aux réseaux d’entraide et d’influence locaux. Les régularités observées permettent de définir trois régimes sur ces terrains : la combinaison d’intermittences, le bricolage de fortune et la satisfaction par accumulation. Il ressort de leur analyse que l’amélioration de la qualité et de la continuité du service dépend de logiques marchandes et sociales ambivalentes qui ne permettent pas de sortir les citadins les plus vulnérables des trappes de la pauvreté et que, faute d’une régulation d’ensemble à l’échelle de la configuration, les interdépendances fonctionnelles entre différents modes d’accès à l’électricité génèrent des externalités négatives incontrôlées limitant les bénéfices attendus d’une généralisation du réseau conventionnel. Finalement, ce travail démontre que la transition électrique urbaine nécessite d’aller au-delà du référentiel du réseau conventionnel unique et uniforme, pour penser les contours d’un service urbain socio-techniquement hétérogène, articulé à la diversité des conditions de vie urbaine