Les familles logistiques résistent-elles à la crise ? : Une analyse des modalités de coordination des acteurs logistiques en période de crise fondée sur la théorie de conventions - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

Do logistics families resist the crisis? : An analysis of the modalities of coordination of logistics actors in times of crisis based on the theory of conventions

Les familles logistiques résistent-elles à la crise ? : Une analyse des modalités de coordination des acteurs logistiques en période de crise fondée sur la théorie de conventions

Résumé

The level of risk in the supply chain has continued to increase in recent decades (Heckmann et al., 2014, page 1). In order to better understand and deal with these risks, the impact of which is increasingly strong, logistics specialists can use a procedure for optimizing supply chain risk management proposed by management sciences: Supply Chain Risk Management. The SCRM consists of a set of standardized methods and procedures, generally grouped into four stages (Hoffmann et al., 2013, page 199), which aim to optimize risk management.Achieving this optimization objective assumes that the actors who use SCRM operate in a perfect information access environment, in order to be able to validate the four steps, and seek themselves to optimize their risk management. In other words, the SCRM can only work in a context of "substantial" or perfect rationality, in which the individual is omniscient and optimizer (Isla, 2000, page 348). However, this paradigm of the substantially rational individual has been decried by many authors who propose another form of rationality, which they believe is more realistic: procedural rationality (Simon, 1976 in Revue PISTES, 1992).For these authors, economic actors, on the one hand, operate in a context of radical uncertainty. They do not have access to all the information or do not know how to deal with all the information they have. On the other hand, they do not necessarily seek to optimize their results, being able to be satisfied with a simply satisfactory result (De Munck, 2016, page 228). In order to make decisions and coordinate with other actors in this imperfect information environment, they have recourse to devices such as conventions (Boyer in Eymard-Duvernay, 2006, pages 46 and 47).These conventions, shared references that allow coordination, are the glue of "worlds", "cities" (Boltanski and Thévenot, 1991), families, in which economic actors join in order to achieve their objectives. In the field of production, Robert Salais and Michael Storper propose four worlds (Salais and Storper, 1993), coherent sets of values within which the actors coordinate and produce. Burmeister (2000b) applies this approach by production worlds to the field of logistics and thus gives rise to “logistics families”.The object of our research is to know if the logistics families highlighted by Burmeister “resist the crisis”: in a context of maximum uncertainty, as it is often the case in times of crisis, do logistics actors act in the same worlds and do they mobilize the same coordination tools as in undisturbed periods?We show that if logistics professionals adapt their logistics and transport strategies to crisis situations, the relationship between a producer and a customer, for a given product, is part of the same world as in undisturbed periods and is organized around the same repository of behavior, the same convention. However, the crisis seems to lead the actors to decide more together, taking more into account the needs and constraints of their partners, the co-decision agreement then playing a key role in the relationship between the actors
Le niveau de risque dans la supply chain ne cesse d’augmenter ces dernières décennies (Heckmann et al., 2014, page 1). Afin de mieux appréhender et traiter ces risques, dont l’impact est de plus en plus fort, les logisticiens peuvent recourir à une procédure d’optimisation de la gestion des risques de la supply chain proposée par les sciences de gestion : le Supply Chain Risk Management. Le SCRM consiste en un ensemble de méthodes et de procédures standardisées, généralement regroupées en quatre étapes (Hoffmann et al., 2013, page 199), qui visent à optimiser la gestion des risques.L’atteinte de cet objectif d’optimisation suppose que les acteurs qui recourent au SCRM évoluent dans un environnement d’accès à l’information parfait, afin de pouvoir valider les quatre étapes, et recherchent eux-mêmes à optimiser leur gestion des risques. Autrement dit, le SCRM ne peut fonctionner que dans un contexte de rationalité « substantielle » ou parfaite, dans lequel l’individu est omniscient et optimisateur (Isla, 2000, page 348). Or, ce paradigme de l’individu substantiellement rationnel a été décrié par de nombreux auteurs qui proposent une autre forme de rationalité, plus réaliste selon eux : la rationalité procédurale (Simon, 1976 in Revue PISTES, 1992).Pour ces auteurs, les acteurs économiques, d’une part, évoluent dans un contexte d’incertitude radicale. Ils n’ont pas accès à toutes les informations ou ne savent pas traiter toutes les informations dont ils disposent. D’autre part, ils ne cherchent pas forcément à optimiser leurs résultats, pouvant se contenter d’un résultat simplement satisfaisant (De Munck, 2016, page 228). Afin de prendre des décisions et de se coordonner avec les autres acteurs dans cet environnement informationnel imparfait, ils ont recours à des dispositifs tels que les conventions (Boyer in Eymard-Duvernay, 2006, pages 46 et 47).Ces conventions, références partagées qui permettent de se coordonner, sont le ciment de « mondes », de « cités » (Boltanski et Thévenot, 1991), de familles, dans lesquels s’inscrivent les acteurs économiques pour réaliser leurs objectifs. Dans le domaine de la production, Robert Salais et Michael Storper proposent quatre mondes (Salais et Storper, 1993), ensembles cohérents de valeurs au sein desquels les acteurs se coordonnent et produisent. Burmeister (2000b) applique cette approche par mondes de production au domaine de la logistique et fait ainsi émerger des « familles logistiques ».L’objet de notre recherche est de regarder si les familles logistiques mises en lumière par Burmeister « résistent à la crise » : dans un contexte d’incertitude maximale, comme cela est souvent le cas en période de crise, les acteurs logistiques agissent-ils dans les mêmes mondes et mobilisent-ils les mêmes outils de coordination qu’en période non perturbée ?Nous montrons que si les professionnels de la logistique adaptent leurs stratégies logistiques et de transport aux situations de crise, la relation entre un producteur et un client, pour un produit donné, s’inscrit dans le même monde qu’en période non perturbée et s’organise autour du même référentiel de comportement, de la même convention. Toutefois, la crise semble amener les acteurs à décider davantage ensemble, en prenant plus en compte les besoins et les contraintes de leurs partenaires, la convention de co-décision jouant alors un rôle clé dans la relation entre les acteurs
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-03335377 , version 1 (06-09-2021)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03335377 , version 1

Citer

Nicolas Jouve. Les familles logistiques résistent-elles à la crise ? : Une analyse des modalités de coordination des acteurs logistiques en période de crise fondée sur la théorie de conventions. Infrastructures de transport. Université Paris-Est, 2021. Français. ⟨NNT : 2021PESC2008⟩. ⟨tel-03335377⟩
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