La ville et le bien-être : 1900-2000. Généalogies plurielles de la doctrine socio-économique dans l’innovation pour les déplacements à La Rochelle, Eindhoven, Milton Keynes et Göteborg
Auteur / Autrice : | Marika Rupeka |
Direction : | Dominique Rouillard, Pieter van Wesemael |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Architecture |
Date : | Soutenance le 25/05/2021 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-2015) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire infrastructure architecture territoire |
Jury : | Président / Présidente : Arnaud Passalacqua |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Rouillard, Pieter van Wesemael, Elena Cogato-Lanza, Carola Hein, Alain Guiheux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Elena Cogato-Lanza, Carola Hein |
Résumé
La naissance de l’infrastructure moderne en Europe a été accompagnée par l’émergence d’une double problématique, intrinsèque aux décisions d’investissement public : comment légitimer des choix d’aménagement spécifiques et quels critères employer pour arbitrer entre différents usages de fonds publics ? Depuis la Seconde Guerre mondiale, et en réponse à ces interrogations, l’approche d’évaluation socio-économique a fourni un éventail d’instruments méthodologiques, parmi lesquels le plus connu est l’analyse coûts-bénéfices (ACB). Dans les années 2000, la méthode ACB a été élue par les institutions françaises, néerlandaises, britanniques et suédoises pour guider le processus décisionnel et pour dimensionner les projets d’aménagement pour les déplacements : aéroports, autoroutes, zones de péages, réseaux de transports collectifs, services de mobilité individuelle, pistes cyclables…Les origines de l’approche socio-économique sont multiples, tout comme ses expressions méthodologiques, ses applications sectorielles et territoriales. Il ne s’agit aucunement d’une traduction linéaire des méthodes de l’économie du bien-être (welfare economics), mais au contraire, d’une multiplicité d’instruments méthodologiques inventés et réinventés par des fonctionnaires d’Etat, des conseillers municipaux, des aménageurs, des chercheurs du monde académique et de la consultation privée. Cette thèse de doctorat propose une analyse des itinéraires généalogiques de l’approche socio-économique dans le domaine des déplacements urbains. Notre cas d’étude se compose d’une succession de projets novateurs, qui ont été menés à La Rochelle, Eindhoven, Milton Keynes et Göteborg depuis le début du vingtième siècle et jusqu’à nos jours.Qu’est-ce que l’approche socio-économique apporte à l’aménagement ? Cette thèse y répond par une analyse des interactions qui se sont développées entre les méthodes de rationalisation des choix d’aménagement et les éléments constitutifs de traditions urbanistiques, de conventions professionnelles et de cultures institutionnelles. Nous montrons que l’approche socio-économique a participé tout au long du vingtième siècle à la reconfiguration des valeurs de l’aménagement. A partir des années 1910-1930, l’effort de rationalisation des choix d’investissement public a accompagné la naissance de la tradition fonctionnaliste, et quelques décennies plus tard ce même effort a encadré les tentatives d’en réparer les effets indésirables. A partir des années 1970, l’approche socio-économique a permis de réinterroger les dommages collatéraux de la modernité infrastructurelle en produisant à sa place d’autres formes de progrès.