MECANISMES D’ABSORPTION DES ACIDES AMINES CATIONIQUES ET LEURS CONSEQUENCES METABOLIQUES CHEZ LA TRUITE ARC-EN-CIEL (Oncorhynchus mykiss
Auteur / Autrice : | Guillaume Morin |
Direction : | Iban Seiliez, Florian Beaumatin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie |
Date : | Soutenance le 02/12/2021 |
Etablissement(s)Â :Â | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Nutrition, Métabolisme, Aquaculture (2016-.... ; Saint-Pée-sur-Nivelle) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Iban Seiliez, Sandrine Skiba |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Tesseraud, Alain Bruhat |
Mots clés
Résumé
L’impératif d’une aquaculture durable conduit à orienter l’alimentation des poissons d’élevage vers la substitution de la farine de poisson par des produits végétaux renouvelables. Toutefois, ce remplacement est souvent limité par des niveaux trop faibles en certains acides aminés cationiques (AAC), comme la lysine (K) et l’arginine (R), dans les matières premières végétales. Ainsi la supplémentation en ces AAC de ces nouveaux régimes à base végétale améliore la croissance de différentes espèces de poissons, sans pour autant atteindre les résultats obtenus avec les aliments classiques à base de farine de poissons. Dans ce contexte, et afin d’améliorer notre compréhension des mécanismes régissant l’utilisation des AAC par les poissons, les travaux réalisés au cours de cette thèse ont porté sur l’étude de la régulation de l’expression des transporteurs aux AAC (TAAC). Ceux-ci constituent de véritables « portes d’entrée » des AAC au niveau cellulaire, et nous suspectons que des dérégulations de leur expression, chez des truites nourries avec des régimes à base de végétaux et supplémentés en AAC libres, puisse être impliquées, du moins en partie, dans les moins bonnes performances de croissance observées dans ces conditions nutritionnelles. Pour mener à bien cette étude, nous avons choisi une approche originale dans le domaine de la nutrition des poissons, basée sur l’utilisation de lignées cellulaires de truite arc-en-ciel. Celles-ci, présentent l’avantage ne pouvoir tester rapidement, directement et de façon très reproductible l’effet de divers facteurs biotiques (nutriments, xénobiotiques, …) ou abiotiques (température, stress oxydant, …) sur une fonction cellulaire donnée, en s’affranchissant des effets systémiques des facteurs étudiés et sans avoir recours à l’utilisation et le sacrifice de poissons. Les résultats obtenus montrent premièrement que les principales voies de réponses aux acides aminés (la voie GCN2, la voie mTOR et la macroautophagie) sont bien conservées dans les 3 lignées cellulaires étudiées, validant ainsi leur utilisation pour l’étude entreprise et, plus généralement, pour les études en nutrition des poissons. Concernant les TAAC, les données obtenues montrent la présence de 42 gènes orthologues des TAAC humains dans le génome de la truite arc-en-ciel et l’expression de 16 d’entre eux dans les 3 lignées cellulaires étudiées. Certains de ces gènes (dont y+LAT2 et 4 transporteurs homologues de CAT2), sont surexprimés lors de carences en AA ou en AAC (K et/ou R), suggérant que, comme nous le suspectons, un déséquilibre alimentaire en ces AA puisse perturber l’expression des TAAC chez des truites nourries avec de nouveaux aliments à base de végétaux. Bien que les mécanismes précis sous-jacent l’effet de la carence en AA ou en AAC sur l’expression des gènes étudiés ne soient pas clairement élucidés dans nos modèles cellulaires, nos données tendent vers une implication de la voie GCN2. Enfin, nous montrons pour la première fois chez une espèce de poisson qu’une carence en R, et dans une moindre mesure en K, perturbe l’activation de mTOR, établissant un lien étroit entre la dérégulation de l’expression de certains TAAC et celle d’une voie majeure de contrôle de la croissance cellulaire. Etrangement, la baisse d’activation de mTOR lors d’une carence en R ne s’accompagne pas d’une baisse de la prolifération cellulaire, suggérant la mise en place de mécanismes d’adaptation à la carence en R qui restent à découvrir. Dans l’ensemble, nos données apportent un socle de connaissances indispensables à une meilleure compréhension des mécanismes régissant l’utilisation des AAC par les poissons et valident l’utilisation des lignées cellulaires de truite dans le domaine de la nutrition des poissons afin de définir plus finement les mécanismes moléculaires liés aux dérégulation physiologiques induites par les aliments végétaux.