Thèse soutenue

Transition énergétique et valorisation durable du bois-énergie en circuits courts locaux. Un regard géographique sur une voie semée d'embûches.

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Auteur / Autrice : Emilie Evrard-Marais
Direction : Yves Poinsot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 07/12/2021
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Transitions Energétiques et Environnementales / TREE
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Yves Puyo

Résumé

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Convaincus par les évaluations de l’IFN que la ressource forestière française est surabondante et répartie sur l’ensemble du territoire national, nombre d’acteurs ont pensé que le développement du bois-énergie ne pouvait s’opérer que sur des bases locales. Dans un pays réputé pour la qualité de sa gestion forestière, se préoccuper de la durabilité des ressources forestières apparaissait par ailleurs dénué de sens. Pourtant, les alertes lancées par l’industrie de la trituration et les interrogations montantes portées par divers acteurs de la filière, invitaient à se pencher sur la question. S’écartant des recherches actuelles qui, adossant leur raisonnement à l’arsenal théorique de la ressource territoriale, contribuent à renforcer l’idée « d’un local à tout prix », notre thèse interroge au contraire la faisabilité d’une valorisation locale et durable des forêts en ressources bois-énergie. Empruntant ses cadres théoriques à la systémique et aux recherches sur les transitions socio-spatiales, elle affirme que la mise en place durable de systèmes de valorisation du bois-énergie en bois bûche ou en plaquettes, sur la base de ressources locales, se heurte à des conditions territoriales à la fois spatiales et naturelles, mais aussi socio-politiques généralement mal appréhendées. Dans une approche comparative et multiscalaire du problème, la démarche privilégie l’étude des pratiques des acteurs de ces systèmes à différentes échelles et dans plusieurs régions. À travers plus de 130 entretiens semi-directifs (menés dans les Pyrénées-Atlantiques, les Vosges, la Savoie et une partie de la Picardie), une cinquantaine de discussions informelles, conduites à l’occasion de colloques techniques et salons du bois-énergie, ainsi que de l’observation participante, elle met au jour les difficultés pratiques (autour des questions de gestion, d’extraction, de conditionnement, de transport de la ressource) auxquelles se trouvent confrontés tant les affouagistes dans leur parcelle que les gestionnaires de forêts, de chaufferies ou de plateformes de stockage. À la mise en lumière de ces contraintes d’ordre techno-économique - trop fréquemment sous-estimées -, la thèse vient aussi pointer les difficultés induites par le contexte transitionnel. En effet, en finançant de grands projets consommateurs de plaquettes pour accélérer le développement du bois-énergie, l’État a laissé les énergéticiens entrer en forêt, engendrant ainsi de manière brutale la rencontre entre deux mondes aux logiques et temporalités incompatibles. Même si les acteurs traditionnels de la forêt tentent de mettre en place des solutions pour maintenir la répartition des usages dans des périmètres locaux, celles-ci ne résistent pas à l’infiltration de logiques économiques nouvelles qui déstabilisent profondément une sphère déjà fortement fragilisée, mettant en péril la pérennité de cette nouvelle énergie.