Thèse soutenue

Répartition des revenus, productivité et stagnation : Une alternative au récit de la « stagnation séculaire »

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Auteur / Autrice : Ludwig Antonio Nikolaus List
Direction : Dany Lang
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 29/06/2021
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écononomie de Paris Nord
Jury : Président / Présidente : Virginie Monvoisin
Examinateurs / Examinatrices : Donatella Gatti, Antonella Stirati
Rapporteurs / Rapporteuses : Servaas Storm, Mark Setterfield

Résumé

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Depuis la crise financière mondiale de 2007, le débat économique dominant s'articule autour de la possibilité d'une "stagnation séculaire", c'est-à-dire une période prolongée de croissance nulle ou très faible du PIB. Les partisans de la stagnation séculaire trouvent généralement des explications possibles dans l'imperfection des marchés des capitaux, les changements démographiques et les innovations qui économisent le capital plutôt que de l'utiliser. L'objectif de cette thèse de doctorat est de présenter une alternative au récit de la stagnation séculaire, en reliant la distribution des revenus, la demande et la productivité. Nous soutenons qu'inégalité croissante des revenus entraîne une baisse de demande globale et la productivité. La stagnation n'est pas séculaire mais d'origine humaine et des mesures peuvent être prises pour la combattre. Le chapitre I est consacré à la loi de Verdoorn -- le lien entre la croissance de la production et la croissance de la productivité. Si l'écrasante majorité des études empiriques semble trouver des résultats statistiquement significatifs et positifs pour la loi de Verdoorn, il n'y a pas de consensus à propos de son ampleur. En utilisant une méta-analyse (MRA) sur 52 études avec 665 estimations de la loi de Verdoorn, nous ne trouvons aucun biais de publication et des méta-moyennes statistiquement significatives pour la loi de Verdoorn dans toutes les spécifications utilisées par Verdoorn (1949), Kaldor (1975) et Rowthorn (1975). Hormis la première spécification de Rowthorn, toutes les spécifications utilisées donnent des coefficients de Verdoorn compris entre 0,44 et 0,69 qui indiquent des rendements d'échelle croissants. Le chapitre II estime la loi de Verdoorn et l'effet Marx-Webb sur la base des données de 23 membres de l'UE28 pour la période 1995-2017 en utilisant l'ensemble de données EU-KLEMS (Stehrer et al. 2019). Comme EU-KLEMS permet l'analyse par secteur, l'analyse des données de panel peut différencier les secteurs manufacturiers et non manufacturiers. Notre contribution à la littérature existante consiste en 1) l'utilisation de modèles ARDL (auto-regressive distributed lag), afin de séparer les effets Okun à court terme des effets Verdoorn à long terme. Une autre contribution réside dans le fait que, contrairement à la plupart de la littérature disponible sur la loi de Verdoorn et l'effet Marx-Webb, l'analyse entreprise contrôle la dépendance transversale potentielle. Encore une fois, notre analyse trouve des coefficients de Verdoorn statistiquement significatifs -- entre 0,38 et 0,97 -- et des effets Marx-Webb statistiquement significatifs -- entre 0,19 et 0,32. Le chapitre III utilise à nouveau la méta-régression pour donner un aperçu de la littérature sur le modèle de Bhadhuri-Marglin. La plupart des pays industriels ont connu une baisse de la part des salaires depuis les années 1970. Il y a donc eu une déformation du partage de la valeur ajoutée en faveur des profits, avec des conséquences sur la croissance économique. L'originalité de notre approche consiste à présenter un compromis entre les points de vue néo-Kaleckien et néo-Goodwinien sur la façon dont les changements dans la distribution des revenus affectent la croissance économique. Les résultats de l'estimation peuvent donc être directement utilisés pour des recommandations politiques et sont donc sujets de grands débats. Deux problèmes en découlent (au moins parmi les hétérodoxes). Tout d'abord, il existe un fort clivage entre les résultats des pays tirés par les salaires et ceux des pays tirés par les bénéfices, qui s'expliquerait en partie par des différences dans la méthodologie d'estimation. Il est donc nécessaire d'apporter une réponse tranchée à la question de la mesure dans laquelle ces différences affectent le résultat global. Cette analyse de méta-régression évalue 34 études avec 494 estimations empiriques pour la demande intérieure et totale.