Thèse soutenue

Cycles mondiaux de liquidité et politiques de taux de change dans les économies en developpement et émergents : une analyse de l'expérience brésilienne

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Auteur / Autrice : Joao Pedro Scalco Macalos
Direction : Marc Lavoie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences economiques
Date : Soutenance le 26/05/2021
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écononomie de Paris Nord
Jury : Président / Présidente : Jean-François Ponsot
Examinateurs / Examinatrices : Engelbert Stockhammer, Daniela Magalhães Prates, Dany Lang
Rapporteurs / Rapporteuses : John T Harvey, Hugo Harari-Kermadec, Barbara Fritz

Résumé

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Cette thèse est consacrée à l’influence des cycles mondiaux de liquidité sur la dynamique des taux de change des économies en développement et émergentes (DEE) et à l’analyse des interventions de change que ces pays peuvent mener pour compenser cette influence, en se concentrant sur l’expérience brésilienne avec des produits dérivés. Le 21ème siècle a été témoin d’une évolution des fragilités externes des DEE. Sil’ accumulation de réserves internationales a réduit les risques d’asymétrie de devises dans ces économies, elle a également accru l’attrait de ces économies pour les investissements des non-résidents. Ces investissements ont une influence cruciale sur l’évolution des taux de change dans ces pays. Cependant, les décisions d’investissement des non-résidents restent attachées à ce qui se passe dans les économies du centre, générant des cycles mondiaux de liquidité qui intercalent les périodes d’entrées financières vers les DEE avec l’inversion abrupt de ces flux. Ces cycles mondiaux de liquidité génèrent une dynamique minskyenne des taux de change des DEE, où de fortes dépréciations font suite à des périodes d’appréciation prolongée de leurs devises. Cette thèse présente une revue de la littérature, puis des preuves empiriques d’un tel comportement asymétrique. L’attention se porte alors sur l’expérience brésilienne. Dans les années 2010, la Banque centrale brésilienne (BCB) est intervenue massivement, avec des « domestic non deliverable forwards » (DNDF), pour compenser l’inversion du cycle financier mondial. Une enquête sur les raisons pour lesquelles la BCB a utilisé ces dérivés, leur impact sur les marchés et les limites de ces interventions est présentée dans le quatrième chapitre de la thèse. On fait valoir que le principal avantage des DNDF est qu’ils préservent les réserves internationales de la banque centrale. Une évaluation empirique montre que les DNDF ont renforcé les marchés de « hedging » brésiliens en permettant l’expansion des positions courtes en dollars des « market makers ». Les DNDF ont également été utilisés pour limiter la volatilité excessive du real brésilien. Cependant, les pertes avec des DNDF étaient coûteuses et ont augmenté les passifs portant intérêt de la BCB. L’augmentation de la marge de manoeuvre extérieure s’est faite au prix d’une moindre marge de manoeuvre interne. Une analyse de la manière dont le cadre comptable peut affecter la capacité opérationnelle des banques centrales des DEE conclut la thèse. La séparation des résultats réalisés et non réalisés, par exemple, peut créer des coussins de réévaluation gonflés à côté de pertes persistantes dans les économies en développement. En revanche, la consolidation et le transfert de ces résultats au gouvernement donnent la souplesse nécessaire pour intervenir sur les marchés des changes mais ils peuvent conduire à un financement monétisé indésirable. L’évolution de la législation brésilienne met en évidence ces dilemmes et suggère une alternative comptable potentielle pour ces économies.