Épidémiologie analytique du continuum psychotique : une contribution à l’étude de l’étiologie des troubles psychotiques
Auteur / Autrice : | Baptiste Pignon |
Direction : | Franck Schürhoff, Andrei Szoke, Ali Amad |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 28/06/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Créteil ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Mondor de Recherche Biomédicale (Créteil) - Institut Mondor de Recherche Biomédicale / IMRB |
Jury : | Président / Présidente : Marion Leboyer |
Examinateurs / Examinatrices : Andrei Szoke, Ali Amad, Pierre Thomas, Hélène Verdoux, Maria Melchior | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Thomas, Hélène Verdoux |
Mots clés
Résumé
Dans ce travail de thèse, nous avons étudié l’étiologie des troubles psychotiques à travers l’hypothèse du continuum psychotique étiologique, qui suppose que les phénomènes psychotiques infra-cliniques sont associés aux mêmes facteurs de risques environnementaux et génétiques que les troubles psychotiques constitués. Grâce à cette hypothèse, les études sur la psychose infra-clinique permettent d’inférer des connaissances sur les troubles psychotiques.Les trois premiers travaux de cette thèse ont été consacrés à l’exploration de cette hypothèse du continuum psychotique étiologique, à travers une revue de littérature et méta-analyse, et deux études sur les données issues d’une large enquête en population générale française. La revue systématique et méta-analyse de 28 articles montrait une association entre appartenance à une minorité ethnique et symptômes psychotiques. Dans les deux travaux suivants, nous avons étudié les symptômes psychotiques positifs infra-cliniques à partir des données issues de l’enquête française Santé Mentale en Population Générale (SMPG). Les objectifs étaient dans un premier temps de mesurer la prévalence de ces symptômes et d’en analyser les liens avec le statut migratoire. La prévalence des symptômes psychotiques positif était de 25 %. Les résultats des analyses sociodémographiques confirmaient l’hypothèse du continuum psychotique, et montraient une association entre le statut migratoire (migrants de 1ère, 2ème, et 3ème génération) et les symptômes psychotiques. Dans un second temps, nous avons utilisé une analyse en classes latentes (ACL), afin d’isoler des groupes de sujets de la population générale (SMPG) selon leurs symptômes psychotiques. L’hypothèse était que les classes retrouvées seraient celles qui avaient été utilisées a priori dans le travail précédent : pas de symptôme psychotique, hallucinations, idées délirantes, et idées délirantes et hallucinations. L’ACL a validé cette hypothèse.Les études suivantes se sont consacrées à cette question du continuum dans une étude transnationale, EU-GEI, et portant sur des sujets présentant un premier épisode psychotique, certains de leurs apparentées, et des sujets contrôles issus de la population générale. Le premier travail avait pour objectif d’étudier l’invariance transnationale de l’échelle utilisée dans l’étude EU-GEI pour mesurer les dimensions psychotiques infra-cliniques. Une analyse multi-groupe d’analyse factorielle confirmatoire a retrouvé que la CAPE (Community Assessment of Psychic Experiences) pouvait être utilisée dans les 6 pays de l’étude EU-GEI. Le deuxième article sur les données EU-GEI a montré que l’âge paternel élevé – autre facteur de risque connu de troubles psychotiques – était associé à la dimension positive infra-clinique chez les sujets contrôles.Les derniers travaux de cette thèse ont interrogé la question des rapports entre les différents facteurs de risque de troubles psychotiques, et notamment la question des interactions. Dans un troisième travail sur les sujets contrôles et apparentés d’EU-GEI, nous avons montré que les facteurs de stress psycho-sociaux (traumatismes psychologiques infantiles, expériences de discrimination, événements de vie stressants, bas niveau de capital social) avaient des effets additifs sur le niveau de symptômes des 3 dimensions psychotiques infra-cliniques de la CAPE : positive, dépressive, et négative. Aucune interaction entre les facteurs de stress n’était significative. Enfin, dans le dernier travail présenté, nous avons étudié l’influence respective de ces mêmes facteurs de stress et du score de risque polygénique pour la schizophrénie (SRP-SZ) sur les dimensions psychotiques infra-cliniques, et recherché de potentielles interactions gènes-environnement. Le SRP-SZ était associé à la dimension positive, et ce de manière additive avec les facteurs de stress psycho-sociaux (excepté le capital social). Aucune interaction gènes-environnement n’était significative.