L'épreuve de soi : Michel Foucault et la mort
Auteur / Autrice : | Jérémy Romero |
Direction : | Frédéric Gros |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 09/12/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) - Lettres, Idées, Savoirs |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Sabot |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Gros, Guillaume Le Blanc, Roberto Poma, Judith Revel, Clotilde Leguil | |
Rapporteur / Rapporteuse : Guillaume Le Blanc |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’objectif de ce travail est double. Il s’agira de montrer que la mort est la condition nécessaire de l’épreuve de soi dans l’ensemble de l’œuvre de Michel Foucault mais aussi à partir de cette dernière, afin de saisir ce qui nous constitue aujourd’hui dans notre vérité : la mort qui vient à la pensée transforme le sujet, d’abord en le faisant disparaître dans les jeux autonomes d’un langage livré à lui-même dont la dispersion constitue notre modernité structuraliste et littéraire dont Foucault se propose de faire le diagnostic dans les années 1960 ; en changeant de perspective avec le Foucault généalogiste de la décennie suivante et en la prolongeons jusqu’à nous nous nous demanderons si ce n’est pas la mort qui a disparu de nos vies sous l’effet des structurations contemporaines du bio-pouvoir : en nous privant de l’expérience toujours paradoxale et donc inconfortable de notre propre mort, comme mort toujours à venir et qui nous somme ainsi de toujours nous reprendre, ce gigantesque pouvoir sur la vie ne nous empêche-t-il pas alors d’être à nous-mêmes, c'est-à-dire de vivre une vie qui soit véritablement la nôtre ? Ce pouvoir spécifiquement moderne ne participe-t-il pas alors de cette destruction millénaire du souci de soi procédant de cette technique de soi afférente à la pénitence chrétienne consistant à mourir à soi-même pour vivre éternellement ailleurs que dans ce monde-ci dont nous devons pourtant toujours faire notre présent ? Il nous faudra ainsi revenir avec Foucault à ce moment gréco-romain de l’histoire occidentale, s’initiant avec Socrate, qui permettait de penser et de vivre une existence animée par la ferme volonté d’être toujours à soi à partir d’une réflexion lucide sur sa propre fin. C’est en effet à partir d’une méditation soutenue et réitérée sur la mort dans sa signification authentique une mort qui est toujours la mienne : unique que l’homme peut espérer enfin s’établir comme le sujet de la vie, c'est-à-dire un être qui ne se laisse pas simplement porter par sa puissance biologique mais s’affirme comme le principe de son sens et de sa direction.Dans le même mouvement de restitution de sa pensée à partir du thème de cette grande déprise existentielle que constitue toujours l’exercice spirituel de se rapporter à sa propre fin, il nous faudra alors montrer que les fils qui réunissent l’œuvre et la vie de Michel Foucault ne forment en réalité qu’une seule trame dans laquelle, grâce au pouvoir d’être à soi que leur confie la mort, elles finissent par se confondre tout à fait.