Thèse soutenue

La genèse de la représentation de soi : une approche néo-humienne
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Auteur / Autrice : Alexandre Charrier
Direction : Denis Forest
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 17/12/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches philosophiques (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Philippe Hamou
Examinateurs / Examinatrices : Denis Forest, Philippe Hamou, Laurent Jaffro, Fabrice Teroni, Éléonore Le Jallé, Samuel Lepine
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Jaffro, Fabrice Teroni

Résumé

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Comment la représentation de soi — et, plus précisément, d’un soi continu et identique à lui-même — advient-elle à la conscience, et par quels ressorts psychologiques y consentons-nous ? Voici la question qui est au centre de cette thèse, pour laquelle j’ai fait le choix d’une réponse d’inspiration humienne, que l’on pourrait qualifier de sentimentaliste. Celle-ci consiste à soutenir que la genèse et le maintien de la représentation de soi reposent d’abord et essentiellement sur des processus émotionnels. Je commence par montrer comment cette interrogation et cette approche émergent dans le Traité de la nature humaine, et, surtout, par m’opposer à l’interprétation qui fait de Hume un partisan de la théorie de l’absence de soi (no self theory). Dans cette perspective, je m’attache à réévaluer à la hausse sa théorie des passions, jugée désuète, à la lumière des théories récentes des émotions et, particulièrement, de celle qui soutient que les émotions consistent en des attitudes évaluatives. Je montre ainsi comment l’attention, la mémoire, l’anticipation et la raison participent à l’émergence et au maintien de la représentation de soi dans la conscience en vertu de mécanismes émotionnels. Enfin, je mets à l’épreuve mon hypothèse en la confrontant à son principal adversaire : le modèle intellectualiste tel qu’il a été développé par Thomas Metzinger, d’après lequel cette représentation résulte moins des émotions que de mécanismes de nature cognitive. Je soutiens alors que ce modèle lui-même présente deux limites qui obligent à reconsidérer la part des émotions dans la représentation de soi : d’une part, loin d’évacuer l’affectivité comme il le prétend, il suppose en réalité de lui accorder un rôle considérable ; d’autre part, contrairement à l’approche humienne, il ne parvient pas à rendre compte de cas pathologiques comme celui des sujets dépersonnalisés qui, manifestement, sont dépourvus de toute représentation de soi. Or l’analyse du trouble de la dépersonnalisation, en plus de donner les moyens de déterminer au moins indirectement quels processus mentaux conditionnent la représentation de soi, me permet de défendre une version forte de ma thèse (les émotions sont nécessaires et président à la genèse et au succès de la représentation de soi dans la conscience), et non simplement modérée (les émotions concourent, au même titre que la cognition, à cette représentation).