Thèse soutenue

Façonner l’Etat, former ses serviteurs : les reconfigurations de la politique des cadres de la fin de l'Union soviétique à la Russie de Vladimir Poutine

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Auteur / Autrice : Victor Violier
Direction : Béatrice HibouFrédéric Zalewski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 09/11/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Françoise Daucé
Examinateurs / Examinatrices : Béatrice Hibou, Frédéric Zalewski, Françoise Daucé, Gilles Favarel-Garrigues, Valérie Lozac'h, Carole Sigman
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Favarel-Garrigues, Valérie Lozac'h

Résumé

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Cette recherche s'intéresse à la construction de l'État et de sa légitimité dans l'espace post-communiste en prenant la Russie comme cas et son administration comme entrée, à rebours des approches en termes d'aire culturelle et à partir des outils ordinaires des sciences sociales du politique. Elle se concentre, dans une perspective diachronique, sur l'étude des dispositifs institutionnels de formation des cadres et de leur transformation en mêlant travail d'archives, entretiens sociologiques et enquête ethnographique. Elle se penche sur les reconfigurations des institutions fédérales, régionales et locales, de l'Académie des sciences sociales de l'Union soviétique (1946) et des écoles régionales du PCUS à l'Académie Présidentielle (2010) et ses filiales régionales. Elle montre comment les reformulations soviétiques tardives puis post-soviétiques de la politique des cadres stalinienne nourrissent, d’une part, les luttes et les affrontements autour de ses redéfinitions matérielle et symbolique et, d’autre part, les transformations de l’État et la reconfiguration de l’action publique en Russie soviétique et post-soviétique. Dans cette optique, la thèse se concentre plus précisément sur des moments critiques, au cours desquels se (re)jouent les négociations, se (re)nouent et se dénouent les tensions, et se concentrent les affrontements autour des définitions de ce qu’était, ce qu’est et enfin ce que doit être l’État en Russie. Elle entend restituer, par-delà les discours des pouvoirs et des institutions successives, l’intelligibilité des reconfigurations de la relation de pouvoir entre l’État et la société, du périmètre de l’action publique et, consubstantiellement, de la mission dévolue aux agents de l’État et de l’administration en tant qu’appareil bureaucratique d’encadrement et de contrôle social en étudiant les luttes matérielles et symboliques autour des définitions/redéfinitions du modèle du cadre soviétique puis russe. Par l’étude de la transition des institutions de formation et des réformes successives du cursus honorum et des curricula des serviteurs de l’État, cette sociogenèse de la kadrovaja politika donne à voir les modalités de redéfinition matérielles et symboliques de l’État et de son administration, sa place dans la société et les rapports entretenus avec elle. La thèse vise ainsi à porter un nouveau regard sur les transformations des rapports entre l’État et la société, par l’étude des lieux de production d’une pensée d’État à des moments charnières et une attention particulière portée aux processus de délégitimation-relégitimation du monopole d’administration de la domination politique et de l’action publique.