Thèse soutenue

Don du sang, cultures, société et santé au Burkina Faso : représentations, motivations et pratiques des population du don de sang dans la commune de Ouahigouya (Nord du Burkina Faso)

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Auteur / Autrice : Nabonswindé Sawadogo
Direction : Philippe CombessieAnne Vega
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 08/10/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...)
Jury : Président / Présidente : Jean-Bernard Ouedraogo
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Combessie, Anne Vega, Jean-Bernard Ouedraogo, Véronique Duchesne, Mahamet Timera
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Bernard Ouedraogo, Véronique Duchesne

Résumé

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Cette thèse porte sur les représentations et les pratiques du don de sang dans la commune de Ouahigouya (située au nord du Burkina Faso). Elle vise à mieux comprendre les motivations et les barrières auxquelles les personnes se trouvent confrontées dans le don de sang. En effet, nous avions constaté en 2014 que les populations de la commune de Ouahigouya n’adhéraient pas suffisamment au don de sang volontaire, anonyme et gratuit recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et promu par les institutions sanitaires. En 2017, les donneurs bénévoles représentaient 1,78 %. Ce manque d’engouement de leur part fait que le sang n’est pas disponible en temps voulu et occasionne des décès, notamment, chez des groupes vulnérables (femmes et enfants) qui pourtant, sont facteurs de changement social. Partant, il était donc important de réaliser l’état de la littérature, duquel il est ressorti que, le sang est associé en Afrique, symboliquement, à des appartenances culturelles au sein desquelles on ne le donne pas à « un inconnu » (Godbout & Caillé, 2010), mais aussi à des divisions sociales renvoyant à une « inégalité des sangs » (Cros, 1990, p. 10). Or, le refus du don est l’équivalent d’un refus de lien social (Mauss, 1924), renvoyant aux notions de différenciation, voire de rejet de l’étranger, de l’autre (Altérité). Pour répondre à la question de recherche, l’approche de la théorie ancrée (Glaser et al., 1967) et un travail ethnographique de terrain ont été adoptés. Au total, un échantillon hétérogène et diversifié de cinquante-cinq (55) personnes ont été interviewées. Des observations ont été également réalisées au Centre Hospitalier Universitaire Régional (CHUR) et au Dépôt Préleveur et Distributeur des Produits Sanguins (DPD /PS) de Ouahigouya. Les résultats de l’enquête et des observations permettent de mieux comprendre les motivations et les barrières liées au don de sang. Ils éclairent de nouveaux facteurs intriqués défavorables au don de sang à savoir des barrières sociales et institutionnelles, mais aussi culturelles et émotionnelles à l’instar de : la rareté du sang à la fois précieux (à garder pour 1 un Annuaire statistique de 2017 de la transfusion sanguine du Burkina Faso, p.24. 2 D’après Hammer R., (2010). Expériences ordinaires de la médecine, Zurich-Genève, Ed. SEISMO. 2 membre de la famille) et souvent associé à la vie et à la mort ; la mauvaise qualité de l’accueil dans les hôpitaux publics et une défiance à l’égard de pratiques de commercialisation illicite du sang ; à quoi s’ajoute le constat d’une absence de formation spécifique des professionnels de santé exerçant dans les banques de sang. Quant aux motivations à donner le sang, elles oscillent entre obligations sociales (pressions sociales de la famille, effet de groupe entre les jeunes) et raisons individuelles (altruisme, plaisir de faire une bonne action et la réciprocité).