Thèse soutenue

Figures de marginaux dans le roman historique européen (1814-1836)

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Auteur / Autrice : Marie-Agathe Tilliette
Direction : Karen Haddad-Wotling
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 30/06/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches en littérature et poétique comparées (Nanterre, Hauts-de-Seine)
Jury : Président / Présidente : Véronique Gély
Examinateurs / Examinatrices : Karen Haddad-Wotling, Véronique Gély, Judith Lyon-Caen, Claudie Bernard, Isabelle Durand, Dominique Peyrache-Leborgne
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Gély, Judith Lyon-Caen

Résumé

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Le roman historique européen (Royaume-Uni, France, États allemands et italiens) des premières décennies du XIXe siècle s’inscrit explicitement dans les enjeux nationaux qui lui sont contemporains. Non seulement il participe à l’élaboration de l’histoire nationale, mais il y fait entrer des figures issues du peuple et même des franges inférieures de la société : les mendiants, les brigands, les fous, les Bohémiens et autre « gibier de potence » se succèdent au fil des pages de ces romans à succès. Le concept de « marginalité » vient subsumer cette catégorie bigarrée et permet de la considérer dans sa paradoxale unité au sein des romans historiques : figures plutôt que personnages en ce qu’ils font signe vers le type tout en étant fortement individualisés, ils sont caractérisés par une labilité esthétique, sociale et narrative. Changeant fréquemment de costume et d’apparence, se déplaçant librement dans tout le spectre social et jouant dans l’intrigue un rôle déclencheur ou perturbateur, les marginaux introduisent un espace d’incertitude dans les romans historiques. Ils y interrogent, voire y bouleversent les normes : celles de la représentation de l’histoire, qui devrait se faire contre le singulier et l’extravagant, mais aussi les nouvelles normes sociales et nationales. Types, si l’on peut dire, de l’instabilité, les marginaux ouvrent dans les romans historiques un questionnement plus large encore, en invitant à remettre en question les frontières habituellement acceptées entre le social et l’asocial, l’humain et le non-humain, et même entre la vie et la mort. Brouillant tout dualisme épistémologique, ils induisent alors une redéfinition de l’idée de limite et incitent à considérer sous un jour nouveau et diversifié l’hybridité fondamentale du roman historique.