Thèse soutenue

Filmer la mémoire : une recherche sur les représentations cinématographiques du génocide des Arméniens dans le cinéma de Turquie

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Auteur / Autrice : Hande Topaloglu
Direction : Marie-Claire Lavabre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 17/02/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....) - Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Pascale Laborier
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Claire Lavabre, Pascale Laborier, Ferhat Kentel, Philippe Mesnard, Hamit Bozarslan
Rapporteurs / Rapporteuses : Ferhat Kentel, Philippe Mesnard

Résumé

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La présente thèse se propose d’analyser tous les films de fiction et les documentaires qui ont été produits en Turquie sur le génocide arménien – par des réalisateurs turcs, kurdes et arméniens – et en étudiant aussi ses traces dans la société turque, afin de réaliser une recherche sur la mémoire de ce ‘crime fondateur’. Ce travail part d’une conceptualisation de la mémoire collective et de sa relation avec l’appartenance à l’identité nationale turque. Le premier constat de cette recherche est le fait que tous les films sur le génocide arménien en Turquie ont été réalisés à partir des années 2000. Alors que plus d’un siècle s’est écoulé depuis les massacres de 1915-16 perpétrés contre les Arméniens de l’Empire Ottoman, c’est depuis 20 ans seulement que la loi du silence qui entourait ce génocide dans la société Turque a pu être rompue. De plus, dans un pays négationniste, seuls deux films, sur les quatorze films analysés dans cette recherche, défendent les thèses négationnistes. Afin de trouver une réponse cohérente à ce paradoxe et se pencher sur la question du sens que de telles représentations peuvent avoir aujourd’hui, nous avons divisé la thèse dans deux parties principales. La première partie de la thèse, divisée en deux grands chapitres, cherche à expliquer l’absence de films sur le sujet avant les années 2000 – qu’ils soient négationnistes ou œuvrant pour la reconnaissance du génocide. Pour cela, nous proposons une lecture historique parallèle, entre l’histoire du négationnisme en Turquie et celle du cinéma, qui sont contemporains. En étudiant les différentes étapes du négationnisme et les changements dans le champ cinématographique, nous examinons ici l’effet du ‘tournant mémoriel’ (qui a émergé d’abord à l’échelle mondiale) sur ces productions et sur le réveil de mémoire en Turquie, dans une période marquée par un changement du régime d’historicité. La deuxième partie de la recherche, divisée en trois chapitres, est d’abord consacrée à l’étude de ces nouveaux cinéastes acteurs de mémoire, leur positionnement dans le champ cinématographique ainsi que leur approche du génocide. Dans ce but, nous les avons presque tous rencontrés pour des entretiens semi-directifs. Puis, nous analysons en détail les quatorze films portant sur le sujet, en étudiant leur production mémorielle et leur politique de représentation. Les résultats de cette recherche permettent de mettre en lumière les différentes approches mémorielles sur le génocide, ainsi que la variété des constructions narratives sur un événement catastrophique, qui résiste à toute représentation. Ainsi, nous avons souhaité éclairer les caractéristiques propres aux ‘films de mémoire’, en soulignant le rôle du cinéma en tant que producteur de mémoire collective.